Entrevue avec Joseph Mount de Metronomy
Le leader et auteur compositeur de Metronomy, Joseph Mount, était de passage à Montréal en février afin de présenter Love Letters, nouvel album à paraître demain. Sors-tu.ca en a profité pour aller à sa rencontre à l’Hôtel W afin de jaser de songwriting et de relations à long terme.
* Photos par Pierre Bourgault.
Avec ses trois premiers albums, le groupe anglais Metronomy avait charmé les amateurs d’indie-pop grâce à ses sonorités électro et new wave digne des années 1980.
Pour ce quatrième disque, le pilote du projet avait une autre idée en tête : « Je souhaitais faire quelque chose de beaucoup plus simple, plus linéaire que les albums précédents, souligne-t-il. Quand tu enregistres avec des ordinateurs, tu peux enregistrer un petit bout, puis arrêter et recommencer plus tard. Mais avec cet album, je voulais revenir au principe d’écrire une chanson, de l’enregistrer et de la terminer aussitôt. Ça peut sembler évident, mais de nos jours, on n’est plus limité par ce processus. »
Pour ce faire, la bande est entrée au studio Toe Rag, à Londres : une boîte dont l’esthétique ne correspondait pas d’emblée à celle du groupe. Du moins, pas celle démontrée sur le précédent album The English Riviera, dont le succès aurait pu dicter la marche à suivre pour surfer sur le succès. « Les attentes étaient très hautes pour le prochain, admet-il. Alors il y avait quelque chose d’un peu pervers à l’idée de l’enregistrer d’une façon aussi ‘démodée’, de changer ma façon de travailler, je trouvais ça brave et motivant. »
Ainsi, exit les machines ; le groupe a plutôt opté pour une approche plus organique, avec des synthés et de vrais instruments, au risque d’aliéner ses nouveaux fans.
Le processus n’est pas que vieillot, mais plutôt rétro-futuriste. Par exemple, sur le premier extrait I’m Aquarius, le groupe a utilisé une machine à rythmes des années 1980, dans un studio des années 1960. « C’est un peu comme si on l’avait fait voyager dans le temps », souligne Mount, en riant de bon coeur.
Blague à part, Love Letters regorge de ce genre de paradoxe : instruments analogiques côtoient bidouillage électronique dans un melting-pot d’époques pas mal créatif. Dans le studio aussi, ça travaillait comme à une autre époque. « J’ai fait cet album sur rubans. Je voulais que ça dicte l’atmosphère, que ça donne un résultat plus relaxe, un peu comme les albums des années 1960, avec l’équipement analogique. »
Des années 1980 aux sixties
Bien que Metronomy inspire davantage l’inspiration des années 1980, Joseph Mount est d’avis que des éléments sixties se sont toujours trouvé une place ici et là dans les albums précédents. « Si tu écoutes certaines pistes de chaque album, tu peux trouver des soupçons de cet esprit. Sur l’album précédent, une chanson comme Everything Goes My Way, respecte l’esprit pop simple de cet époque. Mais ça n’a jamais été aussi évident que maintenant. »
Les textes sont plutôt sombres, il y règne un certain spleen, une mélancolie tout de même légère. Les chansons traitent de relations brisées et d’amour impossible, ce qui n’est pas nécessairement à l’image de l’homme qui les a écrits. « Je pars toujours d’une expérience personnelle et à partir de là, je peux inventer ce que je veux avec des éléments fictifs, sans dévoiler ce qui est vrai ou faux. Mes textes sont personnels mais jamais au sens littéral. »
À l’écoute, on ne tombe pas nécessairement sous le charme dès la première écoute. Le flirt s’installe subtilement et on se surprend à y revenir encore et encore, comme une relation à long terme. « Tant qu’il y a quelque chose qui t’incite à l’écouter à nouveau, c’est ce qui compte pour moi. À chaque fois que je fais un album, je ne veux pas abuser de prudence, mais je ne veux pas me perdre dans des directions complètement folles non plus. Tu dois trouver l’équilibre entre pousser l’auditeur et le réconforter. »
À cet égard, Love Letters démontre bien que Joseph Mount trouve encore l’inspiration pour se surpasser, se mettre en danger. La motivation y est encore, même s’il a récemment laissé entendre qu’il envisageait de mettre fin à l’enregistrement d’albums dans un avenir rapproché. Certains croyaient même que Love Letters serait l’oeuvre finale de Metronomy.
Peut-être qu’il a changé d’idée, mais une chose est sûre. Si Metronomy était un vieux couple, on pourrait dire que l’usure s’est fait sentir pendant un certain temps. Ce nouvel album, et le défi que Mount s’y est donné, a semblé raviver la flamme.
« La production de l’album demeure est une partie intégrante de ce que je fais et de ce que j’aime. Mais au niveau de l’écriture, je n’y avais jamais autant mis d’effort et d’énergie. C’était mon intention pour cet album : mettre plus d’emphase sur l’auteur-compositeur en moi. Et ça a réveillé quelque chose en moi. »
Cette approche aura un impact sur les shows. « Nous nous sommes libérés des chaînes de l’ordinateur lorsque nous jouons live. Nous ne jouions jamais avec des trames préenregistrées en spectacle, mais il y avait toujours un ordinateur. Mais là, nous avons décidé de jouer de vrais instruments, et ça nous permet de nous sentir davantage dans un show. »
Rappelons que Metronomy sera en concert à Montréal (au Théâtre Corona) le 18 mai.
- Artiste(s)
- Metronomy
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Corona
- Catégorie(s)
- Electro, Indie Rock, Pop,
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