Entrevue avec Cali
Dans l’élan promotionnel de son nouvel album La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur et quelques semaines avant d’embarquer à pieds joints dans une nouvelle tournée européenne, le chanteur français Cali est venu nous rendre visite pour quelques jours en ce début février.
Nous l’avons rencontré la veille de son retour en France. Cali, (Bruno Caliciuri pour les intimes), est heureux comme un poisson dans l’eau d’avoir passé ces quelques jours à Montréal.
Le menu du séjour: un passage électrisant à l’émission Belle et Bum en direct le samedi soir; une rencontre conviviale et sympathique sur le plateau de La fosse aux lionnes pour l’auditoire du matin, et quelques petits clins d’œil à ses fans et amis québécois.
Fidèle et magique
Le Québec n’est pas une terre étrangère à Cali. En plus d’apparitions régulières aux Francofolies de Montréal (2004, 2006, 2008 et 2009), il s’est surtout fait remarquer par le grand public québécois grâce à son association à la dernière édition de notre Star Académie. Sa chanson 1000 cœurs debout en fut l’hymne officiel.
Toutefois peu de gens savent que Cali a aussi tenu l’un des rôles principaux de la production cinématographique franco-québécoise Magique, dont le tournage s’est déroulé en grande partie pendant les mois d’automne dans la petite communauté d’Arundel dans les Laurentides. Le film a été lancé en France en 2008 et malgré les critiques sévères à son égard, Cali en garde un souvenir précieux.
« Ça, c’était exceptionnel parce qu’on a passé deux mois, dans la forêt, là-haut, avec des gens merveilleux. Mais surtout deux mois à voir la forêt qui changeait de couleur … génial. En une nuit, à un moment donné, il y avait la forêt qui était jaune, qui est devenue rouge en l’espace d’une nuit. C’était dément! »
Prochaine tournée
« J’attaque la répétition à mon retour en France. Je ne suis pas anxieux parce que j’ai hâte. J’ai une équipe, celle qui a travaillé sur le disque qui est avec moi, qui reste avec moi. J’ai pris mes disques l’autre jour et j’ai regardé sur les quatre ce qu’on pourrait faire du premier, du deuxième, du troisième, du quatrième, et c’est génial parce qu’on va tout déshabiller, tout rhabiller, et ça va être une tournée rock and roll ».
« La tournée avec tout le band rock, ce sera jusqu’en septembre et après je vais partir en acoustique ».
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Cali rock
Le rock dans la musique de Cali aujourd’hui, c’est un peu et même beaucoup le guitariste Geoffrey Burton.
Il s’est illustré en studio non seulement par son jeu de guitare (riffs accrocheurs et son incisif dans Je sais ta vie, L’amour fou – éthérés et échevelés dans Je te veux maintenant et Je n’attends que la revanche), mais aussi par le fait qu’il coproduit l’album avec Cali.
Le guitariste a déjà participé à L’Espoir (2008) mais ce sera dans quelques semaines la première tournée de Geoffrey aux côtés de Cali.
« Geoffrey a un groupe qui s’appelle « Hong Kong Dong » et c’est sa femme Sarah et son beau-frère Boris qui font les voix que vous entendez dans l’album. Les voix, les chœurs et tout ça, c’est eux et c’est la première fois qu’ils vont venir avec moi».
Aurons-nous droit à un album live dans la foulée de la tournée? « On va voir. Quoiqu’il arrive, on trouve toujours le moyen. Jusque là, on a fait des DVD, des CD live et même si la maison de disques ne veut pas le faire, moi je le ferai quand même. Si un jour j’ai 90 ans, je pourrai dire à mes petits-enfants : « j’ai fait ça ». »
Version généreuse et vinyle
Non disponible actuellement dans nos magasins de disques traditionnels, il est toutefois possible de se procurer par d’autres avenues cette entité « généreuse » du nouveau disque.
C’est une petite boîte noire qui comprend : le CD régulier de l’album La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur; un CD intitulé Vous savez que Je vous aime (les deux totalisant 22 nouveaux titres); un DVD « making-of » du projet; un livret signé Michel Reynaud, grand ami de Cali, qui laisse libre cours à ses mots et ses états d’âmes hétéroclites en une trentaine de pages; et une série de photos cartonnées issues des séances photo.
Que voulez-vous, Cali est photogénique et s’amuse à taquiner les images avec audace et imagination.
La cerise sur le gâteau de tout ce nouveau produit, c’est le double vinyle qui redonne ses lettres de noblesse à l’emballage d’un disque rock. Cali en est très fier.
« C’est mon premier vinyle. Et en écoutant des disques que je n’avais pas écouté depuis 20 ans je me suis rendu compte de tout ce qu’on avait perdu depuis. Quand on écoute un vinyle, on s’assoit et on ne le consomme pas, on l’écoute religieusement. On se lève et on change la face et on se pose. Mais c’est un respect total pour celui qui a fait la musique aussi. »
Patti Smith
Cali est un passionné et un fervent admirateur de plusieurs artistes légendaires français, britanniques, canadiens et américains. On peut nommer sa grande admiration pour Leonard Cohen (« Je suis allé me recueillir plusieurs fois devant sa maison juste pour me sentir bien devant ») ainsi que son amour pour la musique et l’univers artistique de Patti Smith, qui a connu son point culminant il n’y a pas si longtemps, sur le plateau de l’émission Taratata en France. Cali a eu le bonheur d’interpréter avec Patti le classique de Nirvana Smells like teen spirit. Un duo magique.
« Je suis rentré dans l’univers Patti Smith par le photographe Robert Mapplethorpe. Et je me suis intéressé à son travail. Et la photo sur Horses avec la chemise blanche, je l’ai vue avant d’avoir écouté Patti Smith. Alors je me suis dit : « il faut que j’aille voir ce qui se passe ». Ce qui me touche beaucoup chez Patti Smith c’est que c’est très organique. Elle est arrivée avec la poésie, elle a plaqué des accords de guitare dessus, et puis il y a un groupe qui s’est formé avec Lenny Kaye et d’autres. Ce sont de très fidèles musiciens qui sont avec elle depuis toutes ces années. Et je ne sais pas si vous avez lu son livre Just Kids (2010), il est très important ce livre. C’est une aventurière de la vie et ce qui me plaît, c’est que c’est une écorchée vive. Elle est passée par tellement de bas, de hauts, c’est une montagne russe, quoi. Et ça, ça me touche énormément. »
Comme Patti Smith, Cali est un touche-à-tout artistiquement parlant. Il a plusieurs cordes à son arc et en profite pleinement.
« J’ai la chance de pouvoir écrire des chansons, mais je ne me pose pas plus de questions que ça. Là j’ai envie de travailler sur des Polaroid justement cette année, pour la tournée, pour faire des choses qui m’intéressent là-dessus. Quand on fait des clips ou quand on fait des films, des court-métrages, je m’intéresse un petit peu à tout ce qui se passe. Il faut d’abord s’amuser. »
Interlude
Ce séjour de quatre jours à Montréal aura permis à Cali de joindre l’utile à l’agréable. Dans son horaire bien rempli à l’aube de la nouvelle tournée, il voit ce temps passé à Montréal comme bienfaiteur.
« C’est une coupure importante. Ça permet de respirer. Pour moi c’est comme une autre vie, quoi. »
Il a d’ailleurs profité de son séjour chez nous pour renouer avec des artistes d’ici.
« Il y a une chanteuse, qui va sortir un album, qui était dans Dobacaracol : Doba, donc Doriane. Son chéri, c’est le tromboniste qui joue avec moi et tout à l’heure, je vais en studio la voir pour écouter ses nouvelles choses et tout ça. Il y a beaucoup de choses qui me plaisent ici. »
Si Cali revient à Montréal en juin prochain dans le cadre des Francofolies, c’est sur une scène extérieure qu’il aimerait performer. Il est à souhaiter que ce projet se réalise, car c’est dans cet élément que Cali brille de tous ses feux. Les nouveaux titres de cette « truite miraculeuse » promettent un party du tonnerre!
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