Critique CD: Marie-Philippe Bergeron – Le Complexe du gémeau

Quelque part sur la route 134, chemin qui longe la Baie des Chaleurs pour nous conduire à Bathurst, se trouve la sympathique ville de Petit Rocher. C’est à cet endroit que Marie-Philippe Bergeron a donné naissance à son premier album, Le Complexe du gémeau.

Figure connue dans son coin de pays et récipiendaire de plusieurs prix artistiques acadiens (Prix Rideau, Prix Acadie-Granby et découverte de l’année à la soirée des prix Éloizes 2010) l’auteur-compositrice-interprète accoste tout doucement sur le quai de la pop-folk francophone avec une certaine fraicheur musicale, des textes bien fignolés et une belle audace artistique.

La jeune artiste s’est entourée de nul autre que Eloi Painchaud pour réaliser son premier album. De plus, l’excellent Jordan Officer, l’unique Antoine Gratton ainsi que Pierre-Philippe Côté et Tim Rideout ont généreusement contribué à la portion instrumentale de ce disque.

Aussitôt les premières notes jouées et les premières paroles chantées, nous sommes immédiatement trempés dans l’univers imaginaire créé par cette dame originaire du Nouveau-Brunswick. Amour, jalousie, infidélité, voyage, nostalgie et autres histoires de son quotidien son abordés avec humour et parfois avec émotions tout au long de cette escapade lumineuse.

Disposant d’une voix limpide, juste et douce, Marie-Philippe Bergeron possède un timbre et une façon de s’exprimer qui nous font immédiatement penser à Lynda Lemay, avec en prime, une dimension mélodique beaucoup plus soutenue.

Le charme opère dès le premier extrait Jalouse. Le fantôme de Django Reinhardt se fait subtilement entendre au travers les cordes de Jordan Officer. Les paroles lubriques et teintées d’humour nous font instantanément sourire. Comment demeurer insensible à : « La rondeur de ses pétales bien en vue dans son corset / Comme deux boules de vanille fondantes dans un cornet / Une paire de fesses comme un pain sorti du four / D’un regard on la savoure en lui léchant les contours » ?

Celle qui définit le créneau dans lequel elle se produit avec le terme : « chanson française pop rétro modernisé » a composé elle même la musique et écrit les textes des douze pièces que sont Le complexe du gémeau. Guitares, ukulélés, basses, harmonicas, percussions, pianos Fender Rhodes et contrebasses sont quant à eux les principaux ingrédients de cette joyeuse symphonie.

L’album qui a été enregistré à l’Écurie de Mille-Isles jouit d’une prise de son et d’un matriçage irréprochable. C’est donc avec bonheur que les audiophiles pourront apprécier la reproduction fidèle de la voix et des instruments.

Avec un registre qui fraye principalement dans des eaux à saveur fleur bleue, Le complexe du gémeau réussira à mettre une belle dose d’étonnement et un peu de soleil dans votre quotidien hivernal.
De plus, Marie-Philippe Bergeron parviendra surement à transmettre, via ses chansons, l’énergie, le dynamisme et le côté chaleureux qui caractérisent si bien les habitants francophone de son patelin.

À découvrir sans hésitation, mais surtout à surveiller car l’éclosion est imminente.