Critique album | David Lynch – The Big Dream
David Lynch, l’un des esprits les plus fascinants en matière de cinéma déroutant et onirique, revient à la charge du côté musical avec The Big Dream, une collection de pistes fantomatiques. Davantage axées sur les sonorités et les ambiances, les chansons de The Big Dream ne sont pas nécessairement mémorables en soi, mais convient tout de même l’auditeur à un voyage fabuleux, étrange et inquiétant.
En ce sens, The Big Dream poursuit dans la lignée du tout premier album de sa carrière musicale tardive, l’inégal Crazy Clown Time, paru en 2011. Cette fois, tout de même, Lynch semble avoir mis sa recherche sonore au service de chansons plus simples à saisir, ce qui rend l’écoute moins ardue.
Son approche est un peu plus près du blues poussiéreux à la Tom Waits par moments (Say It, Star Dream Girl, Sun Can’t Be Seen No More) ou du trip-hop sensuel (We Rolled Together), ce qui lui réussit bien. Par contre, les chansons plus cycliques, comme The Line It Curves et Are You Sure, sont plutôt ennuyantes.
Sa voix nasillarde – qui semble évoquer des personnages qui ne seraient pas étrangers à ses meilleurs films – chevauche d’épais brouillards de guitares, de réverbérations, d’effets, évoquant tant sur les plans lyrique que mélodique, l’angoisse, l’effroi et l’étrangeté.
Ironiquement, c’est lorsqu’il laisse quelqu’un d’autre chanter (en l’occurrence Lykke Li sur l’excellente I’m Waiting Here, disponible uniquement sur la version bonifiée du disque) qu’il obtient les meilleurs résultats. Sa musique serait-elle plus pertinente s’il faisait appel à des voix féminines ? Peut-être bien.
Au fond, c’est exactement ce qu’on pourrait s’attendre de David Lynch sur disque : une randonnée dans l’absurde et la fantasmagorie, avec une certaine teinte rétro et un soucis du détail. Le résultat est un peu moins cauchemardesque, toutefois, que ses oeuvres sur pellicules.
À écouter : Star Dream Girl, Say It, I’m Waiting Here
- Artiste(s)
- David Lynch
- Catégorie(s)
- Rock,
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