Entrevue avec La Femme | Psycho Tropical Berlin : premier album complet de La Femme
Intrigante formation française à géométrie variable, La Femme surgit des broussailles comme un vieux trésor que la marée basse dépose sur le rivage. Surf pop, cold wave et musique yéyé font bon ménage dans cet amalgame Kraftwerk-rencontre-Gainsbourg étrangement cohérent, présenté sous forme d’un premier album intitulé Psycho Tropical Berlin, disponible au Québec depuis mardi. À quelques semaines du retour du groupe aux Francofolies de Montréal, Sors-tu.ca s’est entretenu au téléphone avec l’un des musiciens.
« Bonjour. Je suis Marlon, l’un des membres fondateurs ». Sympathique au bout du fil, le jeune musicien français est bien conscient que l’aspect énigmatique Godspeedesque du groupe ne rend pas la tâche facile au journaliste. Au moment où le relationniste nous mettait en communication, on ignorait toujours à qui on parlerait.
« On aime bien le mystère et ça rejoint le concept de La Femme », explique-t-il après son introduction factuelle.
« Ça nous a toujours plu de brouiller les pistes. Mais on n’est pas des extrêmes, comme Slipknot ou Daft Punk. On ne se masque pas ou rien. On fait juste garder un certain anonymat, un petit mystère ».
En tout, ils sont rendus six membres, dont Sacha, Sam et Marlon, qui ont fondé le groupe à Biarritz. La formation est maintenant basée à Paris.
Sur l’album, cinq voix féminines sont impliquées. « On ne peut pas toutes les apporter avec nous en tournée, pour l’instant », laisse-t-il entendre.
Un premier album complet
Toutes les chansons de Psycho Tropical Berlin ont été enregistrées vers 2010. Certaines (Sur la planche, La Femme Ressort, Saisis la corde, Hypsoline) se retrouvaient sur les trois EP du groupe, parus au cours des deux dernières années. « On pensait faire notre premier album en trois semaines et finalement, ça a pris deux ans ! On n’était pas satisfaits des voix, des batteries. Un premier album, c’est précieux, c’est celui qui va rester. Le premier EP, on l’a enregistré trop vite, on n’était pas satisfait du son. Ça nous saoulait. »
Leurs inspirations sont multiples, tant sur le plan des textes que de la musique. « On s’inspire de la vie, de l’amour, de la mort, de l’actualité, quoi. On ne réinvente rien au fond. Mais c’est beaucoup beaucoup plus de la fiction. Côté musical, on s’intéresse à la musique des années fin-1970, début-1980, du Velvet Underground, de Barbara, de Gainsbourg, de Dutronc, de la cold wave française, des artistes yéyé comme Delphine et Les Vautours. Il n’y a pas grand chose de récent qui nous influence ».
La singularité de La Femme passe aussi par l’usage d’instruments inventés. « On collectionne les instruments bizarres. On bricole, on ne se donne aucune limite ».
« Il y a bien sur le thérémine. Mais aussi, Sam, notre bassiste, fabrique plein d’instruments, comme cette boîte à champagne avec réverbération. Ça donne comme un bruit d’ampli qui tombe parterre. Il fabrique aussi des micros, des condensateurs ».
La plupart des gens n’ont même encore eu le temps de découvrir La Femme mais le groupe a déjà le matériel nécessaire pour un deuxième album. On pourrait bien en entendre quelques extraits lors du passage du groupe aux Francofolies de Montréal, en première partie de Peter Peter au Club Soda, le 20 juin. Les Francos profiteront-elles du voyage du groupe pour ajouter un concert extérieur gratuit ? « Pour être franc, j’en sais trop rien, mais j’espère bien », répond simplement Marlon.
En attendant, savourez Psycho Tropical Berlin, l’un des albums français les plus pertinents des dernières années. Rien de moins.
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