
Osheaga 2025 – Jour 2 | Tyler, the Creator explose la baraque
Seconde journée du festival, et certainement ma performance la plus attendue à l’horaire : celle de l’incontournable Tyler, the Creator. Mon parcours de la journée sera justement surtout orienté autour des musiques dites urbaines (j’haï cette expression là), avec quelques performances de DJ et d’autres rappeurs. Le retour ici, avec également celui de ma collègue Geneviève à consulter dès maintenant!
Hologramme
Premier arrêt sur ma route : le set live du producer montréalais Hologramme. Live en effet, alors que Clément Leduc se produit entouré de ses diverses machines pour nous livrer des pièces de son plus récent album, Surfaces, paru en mai dernier.
Le résultat démontre bien sa versatilité et ses talents d’instrumentiste, même si le spectacle en soi aurait pu bénéficier de transitions un peu plus convaincantes. Le point fort en sera certainement plutôt le contrôle du son, alors que l’artiste jongle avec divers effets, se retrouvant par moments à étirer un peu sa luck, sans non plus franchir de limites impardonnables. Le set sera aussi produit en surround, décision aussi surprenante qu’intéressante.
Si le spectacle manquait un peu de rythme au final, on en ressort tout de même satisfait, surtout après avoir entendu en primeur une toute nouvelle pièce à éventuellement paraître sous étiquette Anjunadeep, alors que Hologramme ira rejoindre CRi dans les grandes ligues.
Nooriyah
Excellente surprise que cette DJ! La Saoudienne d’origines et Anglaise d’adoption se fait du fun tout au long de son heure sur scène et c’est contagieux, sur fond d’amusantes projections en pixel art inspirées de Mario Kart, mais surtout avec une sélection musicale éclectique sans être éparse pour autant et aux BPM très rapides.
Les enchaînements sont solides, alors que la DJ ne tombera pourtant jamais dans la facilité. On entend retentir avec régularité des pièces de musique arabe aux tempos parfois complexes, le tout mashé avec des pièces tech-house, des hits du Top 40 Y2K et un peu d’eurodance (Sandstorm évidemment). Le résultat déroute, comme vous pouvez vous en douter, mais reste étonnement dansant et invite à la fête.
On ressort de cette heure de set un peu épuisés, mais pour toutes les bonnes raisons. Nooriyah aura certainement su ajouter une touche de soleil à une journée qui n’en manquait déjà pas, et on en aurait repris.
Prospa
Ce set sera un peu à l’inverse du précédent. Le « duo » de DJs s’amène en ville avec uniquement Harvey Blumler pour un set ensoleillé de deep house, mais qui manque cruellement de rythme.
Ça ne veut pas dire pour autant que la sélection musicale est foncièrement mauvaise. Les morceaux se ressemblent souvent, couteau à double-tranchant puisque cela facilitera grandement l’écoute du public et invitera à la danse, mais donnera par contre dans la redondance. La direction est claire et la playlist bien ficelée, mais on se tanne un peu des BPM souvent trop stables et du manque de surprise dans les transitions après quelques minutes déjà.
Le public semble toutefois beaucoup plus convaincu que moi alors que l’avant de la scène de l’ïle restera plein tout au long de la performance, avec un dancefloor bien rempli et réactif, dansant et en redemandant.
Kaleo
Bro non. Juste arrête.
(mais pour un autre point de vue, consultez l’article de Geneviève Gauthier par ici)
Smino
Le choix de mettre l’Américain sur la scène pricipale du festival, et surtout directement après Kaleo, était audacieuse, et pas nécessairement dans le bon sens. C’est certainement un spectacle que l’on aurait préféré voir sur l’une des scènes en fond de site vu l’esthétique du truc et la réponse du public.
Ça, oui, mais encore plus le son. La technique était au mieux confuse, alors que l’équipe semblait même avoir confondu Smino avec son hypeman, dont le micro sera réglé plus fort tout au long du spectacle. L’ajout d’un groupe live ne fera également qu’empirer la situation, prouvant une fois de plus que ce n’est pas grave de voir des rappeurs seuls sur scène, ou du moins sans instruments, comme le prouvera justement Tyler quelques heures plus tard.
Reste que les pièces souvent groovy aux accents R&B de Smino sont convaincantes. Le rappeur, que l’on aura surtout connu dans le passé pour ses apparitions aux côtés de Saba, Noname et Ravyn Lenae, est au commandes de son spectacle et arpente bien la scène, question de mieux rejoindre son public. Et je dis son public, mais il ne lui est pas toujours acquis. C’est là l’autre raison qui fait douter du choix de scène : beaucoup ne semblent le connaître ni d’Ève ni d’Adam, ce qui affectera l’énergie globale de la foule. Déception un peu que ce spectacle, bien que ce ne soit pas nécessairement la faute de l’artiste.
Tyler, the Creator
Dire que le spectacle de l’Américain était plein d’énergie serait un euphémisme. Quelques jours seulement après un passage au Centre Bell, le rappeur s’amenait à Osheaga en tête d’affiche de sa soirée, une place dûment méritée aux vues du concert qu’il aura livré.
Après une pause météo inattendue, éclairs de chaleur et pluie soudaine obligent, le public est bien heureux de voir l’avant-scène s’illuminer soudainement aux couleurs de CHROMAKOPIA, avant d’afficher quelques minutes plus tard en grandes lettres DON’T TAP THE GLASS, nouvelle sortie parue il y a une semaine à peine, mais que le public connaît déjà sur le bout de ses doigts.
Le rappeur se fait quelque peu attendre, mais son entrée sur scène excuse le tout : il attaque directement avec Big Poe, pièce d’ouverture de son petit dernier, alors que du feu et des étincelles revolent de partout. Cette énergie survoltée sera d’ailleurs constante tout au long du spectacle, bien que l’artiste soit seul sur scène.
Tyler poursuit avec une autre pièce de DON’T TAP avant de transitionner au sein même d’une chanson vers quatre extraits de CHROMAKOPIA, les allégeant plus souvent qu’autrement de leurs divers featuring par mesure d’efficacité. Rien de pire en effet que de voir un rappeur se retrouver complètement statique le temps de laisser une voix off chanter quelques lignes. En ce sens, la décision de peu parler et de réduire les interactions avec le public servira le spectacle, permettant de maintenir un rythme plus rapide et constant, en accord avec les sélections musicales.
On retourne ensuite en arrière. L’artiste nous ramène avec lui en 2011 via l’excellente She, dont j’avais totalement oublié l’existence, et enchaîne avec ma favorite, EARFQUAKE, à laquelle le public réagira très bien. Quelques minutes plus tard, la bien queer Who Dat Boy viendra faire de même.
Le ratio de nouvelles chansons vs d’anciens hits est fort réussi, permettant aux nouveaux fans d’embarquer autant que les très nombreux amateurs des premières années, à voir les t-shirts portés par certains. Tyler poursuit, arpentant constamment la scène avec rythme, nous lançant la très bonne Like Him au visage avant de continuer avec deux pièces de son plus récent opus. Le spectacle se conclura finalement avec l’excellente NEW MAGIC WAND et son usuelle pièce de sortie de scène, la bien nommée See You Again.
Le rappeur nous aura avec tout ça prouvé, si on en doutait encore, son statut de méga-star du rap américain; un artiste comparable aux Kendrick de ce monde et qui n’est donc pas à sous-estimer, malgré des textes parfois plus champ-gauche. Avec une performance variée et toute en énergie, bien ficelée et écourtée pour le mieux (pas de rappel et c’est très bien comme ça), le musicien nous aura donné une belle leçon de rap, nous rappelant pourquoi on aime tant aller dans des festivals pour consommer de la musique.
Photos en vrac
Mint Simon (par Jesse Di Meo)
Smino
- Artiste(s)
- Hologramme, Kaleo, Mint Simon, Nooriyah, Prospa, Smino, Tyler The Creator
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Parc Jean-Drapeau
- Catégorie(s)
- Chillout, DJ set, Electro, Festival, Hip-hop, House, Rap, Rap/Hip-hop, Techno,
Événements à venir
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