
The Weeknd au Parc Jean-Drapeau | Deux heures à transformer le spleen en transe
Je vais être honnête : je risque de faire quelques comparaisons. J’ai eu la chance de voir The Weeknd en 2023 à Nice, dans un Allianz Riviera en ébullition, alors, en le retrouvant deux ans plus tard à Montréal pour la suite de son After Hours Til Dawn Tour, j’étais curieuse. Est-ce que la magie allait opérer de la même façon? Spoiler : oui, c’était excellent.
Le décor, d’abord. Une ville dorée effondrée, inspirée probablement de New-York (on reconnaît le Chrysler Building) plus discrète qu’à Nice, où les bâtiments semblaient jaillir en 3D. Ici, le fond de scène est plus sobre, mais le panorama du parc Jean-Drapeau — skyline et Mont-Royal en bonus — compense largement. On retrouve aussi la fameuse silhouette métallique mi-ange, mi-robot.
La soirée démarre avec le prolifique producteur et musicien Mike Dean. Guitare électrique à la main, il plonge doucement la foule dans l’univers de The Weeknd. Une quinzaine de minutes, pas plus, mais assez pour réchauffer le parc Jean-Drapeau malgré le soleil qui tapait déjà.
À 19h30, c’est au tour du Montréalais Kaytranada, d’offrir une performance « à la maison » (il habite maintenant à Los Angeles). Le DJ remplace Playboi Carti qui a rencontré quelques soucis au moment de franchir la frontière canadienne… Et il s’en sort avec brio.
C’est la troisième fois que je le vois, d’abord en première partie à Nice puis au parc Jean-Drapeau pour son propre concert en 2024, et à chaque fois, il dégage cette même énergie douce et vitaminée. Il enchaîne les classiques (You’re the One, Girl, Intimidated…), et pousse même quelques petites push-ups entre deux beats… Ses interactions sont parfois un peu perdues dans l’écho du site, mais la vibe est là. On danse, on sourit.
Puis, à 20h30, les choses sérieuses commencent. The Weeknd entre en scène, entouré de silhouettes féminines drapées de rouge. Il porte un masque doré façon Iron Man, mais mystique, les yeux illuminés et une cape de magicien sur les épaules (ça pourrait être ridicule, mais il a le charisme pour). Le vent se lève, la nuit tombe sur les gratte-ciels de Montréal : l’effet est là.
Comme à Nice, il déambule dans sa ville en ruines, sa voix caressant les aiguës avec cette plainte sensuelle qui le caractérise. Les chansons s’enchaînent sans accroc : Starboy, I Can’t Feel My Face, Sacrifice, Die For You, The Morning, Save Your Tears… Une setlist à la hauteur de sa discographie-monstre. Chaque transition est soignée, comme dans ses albums. Il performe aussi des chansons plus récentes, tirées de son dernier album Hurry Up Tomorrow, comme São Paulo à l’ambiance très club. Le travail scénique est impressionnant, les chorégraphies avec les danseuses ajoutent à l’univers visuel.
Il finit par enlever son masque avec cérémonie, comme un roi qui révèlerait son visage à son peuple. Et justement, il joue un peu ce rôle-là : distant parfois, mais généreux. Il prend le temps, se donne pleinement. Il remercie Montréal à plusieurs reprises et confie qu’il se sent « à la maison » ici, en évoquant ses souvenirs du Starboy Tour et le public le lui rend bien. Quand il cite son concert à Edmonton, ça crie de joie, mais les villes américaines ont moins de succès… Élan patriotique ou boycott?
La soirée était aussi généreuse en moments pyrotechniques entre ceux de The Weeknd et ceux de Loto-Québec qui lance ses traditionnels feux d’artifice estivals à 22h. Ajoutez à ça les bracelets lumineux dans le public, les lumières de la ville et tous les effets qu’offrent la scène du parc Jean-Drapeau, et vous en avez plein les yeux. C’est ça aussi la magie de Montréal en été.
Plus la soirée avance, plus l’artiste semble prendre du plaisir à être sur scène et il le transmet bien. The Weeknd fait chanter la foule, prend le temps de toucher les mains du public et offre même de brefs câlins. Plus d’une heure et demie que le show a commencé et il ne semble pas prêt à partir, et le public non plus. Il revient pour un dernier morceau — encore un — avant de clôturer le tout à 22h48, après un peu plus de deux heures de concert non-stop.
Alors oui, le décor était un tantinet moins impressionnant qu’en France. Mais l’énergie, la sincérité, l’envie d’offrir un vrai show : tout était là. The Weeknd a cette capacité à faire cohabiter la douleur et la fête, à transformer le spleen en transe.
La tournée After Hours Til Dawn se poursuit ce soir au parc Jean-Drapeau pour une deuxième date, puis fera escale à Toronto, Vancouver et plusieurs villes nord-américaines jusqu’en septembre. Si vous avez une chance d’y aller, foncez. Parce que même si The Weeknd chante souvent la rupture, en live, il rassemble comme peu d’autres.
Photos en vrac
The Weeknd
Kaytranada
- Artiste(s)
- Kaytranada, Mike Dean, The Weeknd
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Parc Jean-Drapeau
- Catégorie(s)
- Pop,
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