crédit photo: Antoine Saito
Orchestre Symphonique de Montréal

Mozart à l’OSM | Un Requiem énergique sous la baguette de Payare

De retour à la Maison symphonique après longue absence (excusable absence alors qu’il était du côté de la Royal Opera House de Londres pour y diriger le monumental Turandot de Puccini), Rafael Payare lançait hier le « festival Mozart » de l’Orchestre symphonique de Montréal avec trois représentations du célèbre Requiem du compositeur.

Entouré de mystère, mis en spectacle dans le film Amadeus, mythifié avec les époques, l’ironiquement posthume Requiem aura atteint, depuis sa composition par Mozart, puis ses étudiants en 1971, le statut de l’une des pièces les plus connues du répertoire de l’artiste, mais aussi de la musique classique en général. Pièce liturgique chorale, la conception permettait donc de sortir le chœur de l’OSM de sa cachette pour ce qui était ma première fois dans cette formule à la Maison symphonique.

* Photo par Antoine Saito

Avant toute chose, le ton est donné avec deux pièces de Bach en formule on ne peut plus sobre. Composition soliste en deux sections, le Prélude et fugue pour orgue en si mineur offre, dans un premier temps, un rendus quelque peu confus, sans nécessairement que ce soit la faute de l’excellent Jean-Willy Kunz. La fugue, elle, sera néanmoins limpide et poignante.

Bach again, Kunz aura courru les trois étages qui séparent l’orgue de la scène pour performer en compagnie d’un petit ensemble le motet Jesu, meine Freude. Plus près de la cantate que du dit motet, la pièce réunit quatre groupes de quatre voix, accompagnés d’orgue et de deux cordes. Certaines sections de la pièce sont particulièrement belles, mais d’autres, malgré l’interprétation sentie des choristes, tombent un peu à plat.

* Photo par Antoine Saito

Suivant l’entracte, le Requiem ne tombera quant à lui absolument pas à plat. Ce qui aura fait la renommée de Payare dès ses débuts, c’est sa direction énergique des orchestre avec lesquels il performe. Il attaque en puissance, offrant plus souvent qu’autrement des versions moins usitées des compositions présentées. C’était justement la cas de cette messe de Mozart.

Particulièrement vive, l’excellente interprétation de l’OSM délaisse la douceur vespérale de certaines des sections pour en souligner le grand dramatisme ambiant. L’orchestre sonne et tonne, alors que la grande chorale garde assez de puissance pour ne pas se faire enterrer par les autres interprètes. Le Confutatis en sera un exemple probant, se révélant ainsi encore plus puissant qu’à l’habitude, chose difficile à faire.

* Photo par Antoine Saito

Très légère déception toutefois du côté des quatre vocalistes solistes : les vibrati demandés par la composition, de même qu’en accord avec les modes de l’époque, se font conformément présents, mais parfois au point de surpasser la grande émotivité qui devrait être communiquée. L’interprétation demeure quand même juste, et la voix du ténor québécois Joé Lampron-Dandonneau est particulièrement magnifique dans le contexte.

Belle introduction, donc, aux trois concerts dédiés à Mozart par l’OSM au programme de ce mois d’avril. Ces 23 et 25, l’opéra Così fan tutte avec le baryton américain Thomas Hampson de prendra d’assaut en formule orchestrale les planches montréalaises, alors que la Symphonie no 41 (Symphonie Jupiter) sera présentée deux fois plutôt qu’une le 24. Billets disponibles sur le site de l’OSM.

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