Coup de coeur francophone 2024 | Entrevue avec Nicolet : Une grande bouffée d’air frais
Comme les feuilles des arbres qui se métamorphosent au gré des saisons, le projet musical d’Étienne Hamel, connu sous le nom de Nicolet, est en constante évolution. À la veille de son lancement d’album à la Sala Rossa dans le cadre de Coup de coeur francophone, Sors-tu? s’est entretenu avec lui afin de discuter de son processus créatif, de la relation entre la musique et le public, et de sa relation avec la nature.
Depuis son début de carrière en 2017, Nicolet ne cesse de se renouveler. Son quatrième album, Orées, dont le lancement aura lieu ce mercredi 13 novembre, est sorti le 18 octobre dernier. Il affirme « toujours essayer de chercher de nouvelles méthodes de création et de nouvelles aventures musicales ». Ainsi, il offre au public un album de 8 chansons composées à la manière d’une écriture automatique; en se laissant guider par les envies de l’inconscient afin de laisser libre cours à l’inspiration du moment.
De cette envie de spontanéité est née l’œuvre Orées, composée quasi d’une traite aux studios Mixart et Waterhouse. C’était une contrainte que Nicolet s’était imposée. « Je voulais vraiment me limiter à ça pour que les chansons soient plus cohérentes dans leur expérience. »
Bien que les chansons soient préalablement travaillées avant de rentrer en studio, il souhaitait laisser place aux surprises pouvant survenir lors des enregistrements. « Surtout avec cet album-là, on essayait vraiment de jouer avec la liberté qu’apporte le contexte de studio d’enregistrement, jouer aussi avec les différentes vérités, les coexistences, un chemin entre les erreurs, qui sont humaines, et le rôle des différents appareils de studio aussi. »
L’existence de ces petits « faux-pas » musicaux rend l’album très organique et authentique. La technique utilisée pour créer ces morceaux a été d’utiliser un enregistreur à 4 disques et de jouer avec les timbres, à des volumes qui n’étaient pas nécessairement adaptés. Par exemple, les musiciens pouvaient jouer à un son très bas, mais avec les micros au volume au maximum. Surnommant cette méthode de « studio-instrument », Étienne explique que le but est simplement de laisser la musique prendre le contrôle. « Quand tu composes une chanson parfois, il va y avoir un son qui sort par hasard, un accrochage, une erreur. On voulait garder ça. C’est important pour moi de ne pas nécessairement aller avec les idées primaires, les idées les plus simples, au niveau des arrangements, mais de prendre le temps d’explorer, d’expérimenter, de voir où est-ce que les chansons vont aller. »
* Photo par Charles-André Coderre & Isabelle Stachtchenko
Plus artiste que musicien
Le quatrième album de Nicolet se caractérise par de grandes envolées instrumentales, qu’on peut apprécier dans des chansons telles qu’Adieux ou Les ondées, entre autres. Pourtant, il prétend ne pas être plus musicien qu’auteur. Il est tout à la fois. « J’ai eu plus de facilité à exprimer les idées qui m’habitent et les idées que j’avais par rapport au monde par la musique, mais ça aurait pu être la peinture, ça aurait pu être des mesures, ça aurait pu être le théâtre, le jeu.
Selon lui, le but est simplement que ces idées soient exprimées de quelconque manière. « Après tout, je suis vraiment un humain avant tout qui tente juste de donner des formes aux choses. »
À l’écoute, l’album Orées peut se comparer à l’impression de chute qu’il est possible d’avoir lorsque notre cerveau oscille entre le sommeil et la réalité. La musique, tantôt folk, tantôt un genre de art-rock, offre une ambiance tirée d’un rêve.
S’inspirer de la nature comme de la ville
Le rapport avec la nature est également assez évident à travers l’album, comme une grande marche en forêt au grand air. Ce n’est pas un hasard, puisque l’artiste habite maintenant en forêt, dans le coin de Sutton, et prétend toujours s’être inspiré de son environnement afin de créer ses albums. Par exemple, son second album Hochelaga, est grandement inspiré de l’ambiance du quartier. « Cet album-là est plus inspiré par le monde naturel que le “monde du béton”, ce qui montre l’évolution de son œuvre. »
« Le projet s’appelle Nicolet justement parce que j’étais à Montréal quand le projet de musique a vu le jour et j’habitais sur la rue Nicolet, et j’étais très influencé par ce que je voyais autour de moi. » Pour ce quatrième album, c’est la nature qui a été sa muse. Il s’enchante d’ailleurs que le lancement se fasse à ce temps-ci de l’année. « J’ai l’impression que c’est un bon album d’automne ou même d’hiver », souligne-t-il.
Il ne cherche toutefois pas à créer des images fixes et laisse libre cours à l’imagination des auditeurs quant aux ambiances que peut inspirer Orées. Selon lui, la musique est un médium de dialogue entre la personne et l’œuvre. « Moi j’aime beaucoup ça que mes chansons soient évocatrices chez les gens, mais que chacun puisse avoir sa propre image. »
Le lancement d’Orées est demain, mercredi 13 novembre, à la Sala Rossa. Très fébrile de faire partie du festival Coup de cœur Francophone encore cette année, Étienne affirme que la soirée sera des plus magiques. Accueillant en première partie ses amis et collaborateurs N Nao et Charles Marsolais-Ricard, le duo présentera de la manipulation de sons provenant de cassettes, inspirés de leur méthode de création afin de produire l’album.
Accompagné de 5 musiciens et d’invités surprises, Nicolet offrira une performance dans un décor enchanteur, mise en scène par Flavie Lemay, apportant des éléments de la forêt des Cantons de l’est à la Sala Rossa.
- Artiste(s)
- Nicolet
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- La Sala Rossa
- Catégorie(s)
- Art rock, Folk, Francophone, Québécois,
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