Vieux Farka Touré

Festival International de Jazz de Montréal 2024 – Jour 10 | Vieux Farka Touré à la hauteur de sa réputation

Pendant que des dizaines de milliers de personnes foulaient la Place des festivals pour la performance de The Cinematic Orchestra, le Club Soda était plein à craquer pour le passage du célèbre bluesman malien Vieux Fourka Touré.

André Ménard, cofondateur du FIJM, s’est présenté sur scène juste avant l’entrée de Vieux (oui, c’est son prénom) pour lui remettre le prix Prix Antonio-Carlos-Jobim, en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la musique du monde. Touré succéde ainsi à des artistes comme Amadou & Mariam, Youssou N’Dour et Angélique Kidjo, pour ne nommer que ceux-là.

Ménard en a aussi profité pour nous rappeler que le jazz a été crée dans le sud des États-Unis par un peuple qui n’avait pas demandé de s’y retrouver, et que cette musique a ensuite retraversé l’Atlantique pour y trouver un nouveau souffle.

C’est donc un Vieux Fourka Touré ému qui se présenta sur scène, affirmant du coup que c’était son premier prix international. L’ambiance était déjà chaude et le public était excité de voir le célèbre guitariste à l’œuvre.

Les pommes ne tombent jamais loin du pommier

Vieux Farka Touré est un musicien malien et le fils d’un pionnier du blues africain, Ali Farka Touré, reconnu pour avoir fusionné les traditions musicales maliennes avec le blues américain. Fort d’un succès international, Farka Touré père a remporté deux Grammy Awards, notamment pour l’album Talking Timbuktu en 1995.

Touré n’a peut-être pas encore, comme son père, gagné de récompenses en forme de gramophone, il n’en demeure pas moins qu’il jouit d’une carrière internationale plus qu’acceptable. Avant de sortir Les Racines en 2022, en référence aux racines blues du paternel, il avait déjà cinq albums solos à son actif. Chacun de ces albums est salué tant par la critique que par le public.

Il confiait en entrevue déjà en 2008 être à la fois heureux d’avoir reçu un si bel accueil après la parution de son album homonyme, mais également triste pour tous les excellents musiciens maliens qui n’ont pas cette reconnaissance. Mettre en valeur, comme son père le faisait, des musiciens est d’ailleurs la mission qu’il disait s’être donnée. C’est ce qu’il a entre autre fait sur son dernier album, et hier encore sur scène.

On nous a d’ailleurs rappelé, tout juste avant le rappel, que Touré est aussi engagé dans des causes humanitaires. Il a fondé en 2012 l’organisation caritative Amahrec Sahel qui, entre autres, fournit des fournitures scolaires aux enfants de Bamako. Une partie des recettes du concert étaient destiné à ces œuvres caritatives.

Une soirée à la hauteur de la réputation du bluesman malien

Au vu de l’excellente réputation de guitariste de Vieux Farka Touré et de ses collaborations musicales astucieuses, nous nous attendions à une soirée de prouesses musicales. Et c’est exactement ce à quoi nous avons eu droit.

Après avoir plané pendant 45 minutes dans une transe électro-turque (voir ci-bas), Vieux Farka Touré, ses musiciens et ses invités nous ont offert un peu plus de 90 minutes de « blues du désert ». Sur des fonds de refrains rythmiques hypnotisant, Vieux alternait entre chant et performances de guitare juste, rapide et inspirée.

De longues séquences nous transportaient dans le désert du Mali, nous invitant à méditer sur le sens profond de l’humanité. Puis, des segments très entraînants nous faisaient sortir de notre torpeur, nous incitant à danser, portés par des solos de congas et de djembé envoûtants.

L’ambiance dans le Club Soda, plein à craquer, était électrique mais tout de même captivée par les prouesses musicales de Vieux, dont le jeu de guitare est parfois comparé à celui de Jimi Hendrix et de Jimmy Page (Led Zeppelin).

Il va sans dire que Montréal adore Vieux Farka Touré, et nous espérons que cet amour est réciproque.

The Fleeting Light of Love and Grief – Envoutante transe électro-turque

La première partie était assurée par le duo montréalais The Fleeting Light of Love and Grief (TFLOAG).

Venus présenter leur transe électro-turque, Lydia Wener et Roy Vucino, accompagnés à la basse par Hugh Lapham, n’en étaient qu’à leur deuxième prestation ensemble sur scène, la première ayant eu lieu à l’ESCO il y a quelques jours, lors du lancement de leur premier album éponyme.

Nous étions un peu dubitatifs quant au choix de la première partie, car la texture électronique qui nous était présentée en guise d’introduction semblait froide par rapport à la chaleur du bluesman malien attendu plus tard dans la soirée. Cependant, il n’aura fallu que peu de temps pour que les multi-instrumentistes nous convainquent qu’ils avaient un projet instrumental fort intéressant.

Wener et Vucino venaient tour à tour texturer de manière intéressante la section rythmique hypnotique composée de rythmes électroniques et du jeu de basse de Lapham. Wener utilisait synthétiseurs, saxophone, thémérine et percussions tandis que Vucino jouait de la bağlama et de guitare. La seule fois où Wener a chatouillé le micro, ça m’a rappellé Hope Sandoval (Mazzy Star), ce qui n’a pas manqué de me plaire.

À en juger par la chaleureuse réception du public, il est clair que ce dernier a été conquis par la qualité de leur prestation sur scène et par leur proposition électro-turque.

Pour les voir prochainement

Pour voir Vieux sur scène, c’est un rendez-vous ce soir (dimanche) à 21h00 sur la Scène Hydro-Québec au FEQ.

Pour expérimenter la transe électro-turque de TFLOAG, c’est plutôt du côté de Montréal, le 8 août à La Sotterenea.

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