crédit photo: Nadine Mathurin
Foo Fighters

Foo Fighters à l’Auditorium de Verdun | Un lundi historique à Verdun

C’était par un lundi soir pluvieux dans Verdun. C’est rare qu’une histoire qui commence de la sorte passe à l’histoire. Ça prenait les Foo Fighters pour que ça se produise.

Fou quand même. À deux semaines de préavis, evenko annonçait un spectacle des Foo Fighters à l’Auditorium de Verdun.

L’auditorium.

De Verdun.

Un lieu anachronique trop petit pour un groupe capable de remplir deux ou trois Centre Bell. Surtout après 12 ans d’absence à Montréal (que trois annulations consécutives — deux pour cause de pandémie, une en raison du décès de Taylor Hawkins — à Osheaga ont contribué à gonfler).

Il y a deux jours à peine, ils étaient des dizaines de milliers réunis sur les Plaines d’Abraham pour voir Dave Grohl et sa bande au Festival d’été de Québec. Tellement nombreux que plusieurs ont dû regarder le show sur des écrans géants.

À deux coins de rue du métro De l’Église, nous étions tout juste 3700 personnes. Pas d’écran. Tout le monde voyait bien.

 

Trois-mille-sept-cent.

La plupart des gens qui ont essayé d’avoir des billets n’ont pas réussi (et plusieurs ont mis ça sur le dos de Ticketmaster ; pour une fois que ce n’est pas leur faute!).

Il y a la rareté donc, mais aussi l’historique du lieu. Les Foo Fighters y avaient joué en 2003. Et Nirvana en 1993, un de leurs derniers shows à vie. Ça donne un certain cachet à une soirée comme celle-là.

Dans les corridors de l’Amphithéâtre, on sentait un engouement digne des grandes occasions. L’impression d’être privilégiés d’être là.

« It came in a flash, it came out of nowhere, it happened so fast » furent les premières paroles prononcées par Dave Grohl. Des mots qui s’appliquent autant à l’expérience qu’on vit ce soir qu’au malheur qui s’est abattu sur le groupe lors du décès de leur batteur Taylor Hawkins, une perte qui a presque causé la fin du groupe. Heureusement, le remplaçant-de-luxe Josh Freese (qui a fait partie de Devo, Nine Inch Nails, A Perfect Circle, mais aussi le band de Michael Bublé!) était disponible pour que Dave Grohl et ses acolytes puissent compléter le puzzle et reprendre du service.

La chanson Rescued lançait donc les hostilités. Et on pouvait constater d’emblée qu’avec l’équipement adéquat, l’infâme « sono de merde » de l’Amphithéâtre de Verdun pouvait être corrigée. Ce n’est pas la Place des Arts, on s’entend, mais on entendait tout, et les basses fréquences nous frappaient parfois au thorax de la meilleure manière possible, comme le démontrait un moment de la très-Motorhead No Son of Mine (à laquelle le groupe a greffé le riff de Paranoid de Black Sabbath).

« It’s gonna be a loooong night », admet joyeusement Dave Grohl avant de se lancer dans l’interprétation de Learn to Fly. Et il flotte effectivement dans l’air un sentiment que tout est possible ce soir. On ne sait pas quand ça se terminera, ce qui se passera exactement. Quand les Foo Fighters jouent à l’Auditorium de Verdun, ça brise les codes habituels et ça donne l’impression que ce qu’on s’apprête à vivre, on le vivra vraiment pour le plaisir, la passion brute et non pas pour « nous en donner pour notre argent ».

Une Times Like These solennelle allait suivre, puis question d’ajouter une petite dose de chauvinisme au spectacle, Grohl a décidé de dédier My Hero à Michel Langevin, batteur de Voivod, l’un de ses groupes préférés. Le héro évoqué était d’ailleurs présent, section 101, première rangée, et a salué le groupe en brandissant sa canette de bière dans leur direction.

On ignore si c’était prévu — probablement pas, parce que des gens placés plus proche de la section 101 nous ont rapporté que Michel était parti se prendre une bière au moment où Dave Grohl a dédié la chanson! — mais c’était le genre de moment à saveur locale qu’on apprécie.

Tout comme la présence, apparemment solicitée par l’équipe de Grohl elle-même, des Shirley en première partie.

Et tout comme lorsqu’il dédie Aurora à Melissa Auf Der Maur, une autre « vieille amie locale ». « Il dédie une chanson à son ex », de me souffler à l’oreille mon voisin de siège, aussi scribe pour La Presse. « Ils ont sorti ensemble de 1999 à 2001 », ajoute-t-il. En plus d’avoir une magnifique plume, il est au courant des potins du rock’n’roll. C’est pratique des amis comme ça.

Bref, la soirée s’est poursuivie comme ça, pendant deux heures et demies ponctuées de vieux hits (BreakoutThis is a Call, All My Life, Monkey Wrench, The Best of You, Everlong), quelques trucs plus récents, assez bien sélectionnés, dont deux chansons (Shame Shame et
Show Me How) chantées avec sa fille Violet Grohl, et un moins bon segment avec la chanson prog beaucoup trop longue The Teacher. Sur le lot, on pardonne facilement certaines longueurs.

* Photo par Jessy Fuchs.

On se doute que c’est de la flagornerie, mais Dave Grohl a candidement partagé que, bien qu’ils aient joué dans de multiples grands festivals et grosses salles, mais rien ne vaut « something like this », disait-il en pointant la toute petite foule très intense.

On se doute que c’est de la flagornerie de sa part. Mais les 3700-quelques personnes présentes se sont sans doute demandé, en sortant de l’Amphithéâtre de Verdun lundi soir, if everything could ever feel this real forever, if anything could ever be this good again.

 

Grille de chansons

  1. Rescued
  2. Walk
  3. No Son of Mine
  4. Learn To Fly
  5. Times Like These
  6. Under You
  7. The Pretender
  8. La Dee Da
  9. Breakout
  10. My Hero
  11. This is a Call
  12. The Sky is a Neighborhood
  13. Nothing At All
  14. Shame Shame (avec Violet Grohl)
  15. Show Me How (avec Violet Grohl)
  16. All My Life
  17. The Teacher
  18. Monkey Wrench
  19. Aurora
  20. The Best of You
  21. Everlong

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