Francos de Montréal 2023 | Entrevue avec le Breton Lujipeka, rappeur (presque) par accident
Programmé au Club Soda dans le cadre des Francos de Montréal samedi, Lujipeka était de passage à Montréal. Sors-tu? a eu l’occasion de jaser avec le rappeur breton…
Impossible d’évoquer la carrière du jeune rappeur sans mentionner Columbine. Le collectif de rap venu de Bretagne a connu ses premiers succès en 2014 avant de se séparer en 2019.
Le rappeur nous confie, qu’au départ, il n’avait pas la volonté de vivre du rap.
À la base je faisais plus des instrus et tout. Et quand j’ai commencé à écrire, c’était plus pour le kiff. Juste nous on kiffait faire du son ensemble. On aime bien la vidéo, donc on a commencé à faire des clips.
À des kilomètres de l’effervescence musicale parisienne, les rappeurs natifs de Bretagne envisageaient-il de percer dans le rap ?
C’est notamment l’un des points soulevés dans la série documentaire d’Orelsan, Montre jamais ça à personne. Si loin de la capitale, le rappeur caennais avait bien du mal à s’imaginer percer dans la musique.
Dans le cas de Lujipeka, la question géographique n’était pas vraiment un problème. « Je suis de la génération où on voyait déjà des gens percer de d’autres endroits que Paris. Ça a commencé en 2010 avec toute la vague l’Entourage. Du coup, ça ne m’a jamais paru inaccessible ».
Une ouverture géographique qui s’accompagne d’une ouverture à toutes les formes de rap.
« Finalement, tu te rends compte que plus ça va, plus c’est ok que tout le monde fasse du rap. Et c’est vraiment la musique qui prime. Chacun peut se sentir représenté par plein de délires différents », poursuit Lujipeka.
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.
Un nouveau départ
Le rappeur âgé de 27 ans avait assurément besoin de prendre son envol après avoir écumé toutes les plus grandes salles et festivals aux côtés de ses acolytes rencontrés au lycée.
« Ça prend du temps de passer de groupe à solo parce que tu repars de zéro », nous confie le rappeur.
Désireux d’offrir une musique plus personnelle à son public, Lujipeka reconnaît avoir énormément appris au cours de ces dernières années. « Ça a été assez enrichissant parce que j’ai dû apprendre à vraiment tout faire seul, l’album, les concerts et les entrevues. »
Souvent décrit comme un artiste mélancolique et en proie aux questions existentielles, Lujipeka dénote dans le paysage du rap français.
« Il y a des choses assez tristes parce que je pense que c’est ce qui m’inspire le plus », confie le jeune rappeur. Quand il évoque un sujet un peu lourd ou triste, celui-ci s’assure tout de même que ce ne soit pas « ton sur ton ». « Sur un son comme Poupée russe, ça reste quand même assez solaire dans l’instru », poursuit le rappeur.
Une jeunesse déboussolée
Que ce soit avec son collectif Columbine ou depuis qu’il s’est lancé en solo, Lujipeka a toujours su parler à sa génération. Dans ses sons, le rappeur se raconte et raconte son époque. Une jeunesse déboussolée qui se questionne en permanence. « C’est un peu la merde sur plein de sujets mais j’essaye de mettre de l’espoir dans la musique aussi ».
Si Lujipeka dénote autant dans le paysage du rap français, c’est surtout pour son éclectisme revendiqué. L’artiste s’aventure dans des sonorités pop, reggae et rap. Des choix osés que le rappeur assume pleinement.
Quand j’essaie de faire un style différent, j’essaie d’être dans le mimétisme, d’aller vraiment trouver les bonnes personnes.
Et celui-ci de poursuivre : « Tu vois, par exemple, quand je vais faire du reggae, je vais trouver des gens qui savent en faire et quand je veux faire quelque chose de plus French Touch, avec mes équipes, on va chercher Cerrone pour faire la prod ».
Lujipeka veut « les meilleurs acteurs » à ses côtés.
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.
Montréal, une ville inspirante
La ville de Montréal, le rappeur la connaît très bien. A l’instar du groupe PNL, Lujipeka a collaboré avec le producteur montréalais Nk. F. Le producteur chouchou des rappeurs français (Booba, Niska ou encore Orelsan, pour ne citer qu’eux) a ainsi accueilli dans ses studios le rappeur breton.
Lujipeka nous glisse, au passage, qu’il rejoindra justement son ami producteur peu de temps après l’entrevue.
Côté référence rap montréalais, l’artiste nous cite Omnikrom, le groupe de hip-hop et d’électro canadien formé de Jeanbart, Linso Gabbo et du producteur Figure8.
Inspirante, Montréal l’est assurément pour le rappeur « Tu as un côté un peu New York, puis ça parle français, et ça dépayse bien. Ça nous sort de notre délire, on est quand même dans une vibe différente ».
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.
Un premier album disque d’or, une nomination aux Victoires de la musique, un Zénith en mars dernier, Lujipeka semble enchaîner les succès sans trop se perdre.
« Globalement, je peux faire ma vie à peu près. Après, je pense que ça peut vite devenir un peu étouffant ou oppressant. Ça devient vraiment chiant quand ça te dépasse, mais ce n’est pas encore mon cas », finit par conclure le jeune rappeur.
- Artiste(s)
- Columbine, Francos de Montréal (festival), Lujipeka
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Club Soda
- Catégorie(s)
- Francophone, Rap,
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