crédit photo: Noémie Sylvestre
Zouz

Vertiges: un album plus en finesse pour zouz

Le chemin qui a mené zouz à la sortie de son premier album a été long. « Vertiges », qui sort ce vendredi 15 octobre, a commencé à voir le jour à l’été 2019, lors d’une résidence de création au Vieux Moulin du Bic, lors de laquelle ils ont joué de 8 à 10 heures par jours. Deux ans plus tard, on se retrouve avec un album plus mature et construit plus en subtilité que les deux derniers EP de la formation.

Sans avoir effectué un 180 drastique au niveau musical, zouz a tenté de « faire un paysage qui est plus agréable à l’oreille », explique David Marchand, guitariste et chanteur du groupe. En comparaison avec EP1 et EP2, dans lesquels la voix est cachée, le côté chanson de Vertiges est beaucoup plus assumé. « On voulait s’inscrire dans une tradition de chanson francophone », poursuit David.

En s’éloignant de la distorsion, qui était devenue un outil trop facile à utiliser selon Francis Ledoux, qui oeuvre à la batterie, la formation s’est permise d’évoluer musicalement tout en conservant son identité. Plus pop, les premières chansons sont très représentatives de ce changement. Plus on avance dans l’écoute de l’album, plus on a accès à une musicalité qui se rapproche des deux premiers EP.

« C’est un peu voulu que le côté A de l’album soit plus lumineux et que le côté B soit vraiment plus dark », avoue Étienne Dupré, bassiste et claviériste au sein de la formation. Selon lui, la toute première chanson, éponyme de l’album, « synthétise vraiment bien tout ça: elle a un côté très doux, très chanson, en finesse, mais aussi un côté très hard, très prog. »

D’innombrables sessions de jam et d’improvisation ont permis de construire le squelette d’un album qui s’est ensuite développé en studio. Généralement, David arrive avec une composition, puis Francis et Étienne construisent les arrangements alors que le premier compose des paroles.

L’expérience musicale mise de l’avant

Les trois membres du groupe racontent qu’ils n’ont pas vraiment de référents musicaux communs. Francis écoute généralement du métal, David tend vers le country et différents types de rock alors qu’Étienne aime plutôt la musique expérimentale et l’ambiant. La composition de leurs albums n’est donc pas basée sur des inspirations communes.

« Au final, ce n’est pas avec nos influences qu’on se rejoint musicalement, mais bien avec notre musicalité », explique le bassiste. Ce qui définit leur musicalité individuelle, ce n’est pas ce qu’ils écoutent, mais bien ce qu’ils ont joué et les artistes qu’ils ont accompagnés dans leurs carrières.

Aux yeux de celui-ci, qui joue également pour Klô Pelgag, Mon Doux Saigneur et bien d’autres,  « zouz n’est pas vraiment un amalgame de genres musicaux ou d’influences: c’est surtout un amalgame d’instrumentistes. »

Les compositions musicales du groupe sont souvent décrites comme touchant aux math-rock, post-punk, post-rock, prog et acid-blues. Si Étienne et David s’entendent pour dire que leur album peut faire penser au Vol. 4 de Black Sabbath, à du Suuns et du Def Leppard, ils affirment que « ce n’était pas des similitudes qui étaient voulues » ou réfléchies au moment de la composition.

* zouz à Santa Teresa 2019. Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

De retour en spectacles

Le lancement de Vertiges à Montréal se tiendra au Ausgang Plaza le mercredi 20 octobre: une première représentation aura lieu à 18 heures et une seconde, qui affiche déjà complet, aura lieu à 21 heures. Deux shows de lancement sont aussi prévus au Pantoum, à Québec, les 21 et 22 octobre, tous deux complets.

La dernière fois que le trio s’est produit sur scène, ils étaient à Québec, à la Source de la Martinière, « pendant la plage de deux semaines où on a eu le droit de faire des spectacles », se rappelle le batteur, sourire en coin.

Étienne, lui, se rappelle avoir été bien surpris « de voir le monde trasher comme si de rien n’était », en pleine pandémie. Même s’il avait trouvé ça étrange, il avoue que « ça a fait du bien de se rappeler qu’on n’est pas tous devenus des hypocondriaques agoraphobes qui ont le mot sécurité imprimé dans le front. »

Un mot sur la santé de l’industrie

Selon Francis, la santé des musiciens et du fonctionnement de l’industrie de la musique est souvent laissée de côté. À ses yeux, il s’agit d’un monde complexe et d’un milieu « assez sauvage ». Étienne renchérie en affirmant qu’il y a énormément de problèmes de santé mentale dans le milieu, mais « pas d’outils, pas d’assurance, pas de congé ».

Il jette un regard critique sur les formations musicales de niveaux collégial ou universitaire dans lesquels les étudiants se font enseigner comment « bien jouer », mais pas comment exister dans le milieu. Lui et Francis insistent au passage pour dire que « bien jouer » peut vouloir dire bien des choses et que « des fois, mal jouer, ça peut donner quelque chose de vraiment hot ».

Selon le trio, les musiciens et les musiciennes ne se font pas enseigner comment gérer leurs carrières, ni « savoir ce à quoi on a droit, comment ça marche des droits d’auteurs, on doit l’apprendre sur le tas ». Encore une fois, aux yeux du bassiste, beaucoup se retrouvent mal outillés, ne savent pas « où aller chercher de l’aide psychologique sans se ruiner ou encore comment aller chercher de bonnes assurances sans se ruiner ».

« C’est vrai que l’image du musicien torturé et tortureux est romancée, mais c’est pas vrai qu’on créer mieux quand on est malheureux », rappelle David, tout de suite encouragé par Étienne.

Beaucoup de choses doivent être apprises sur le terrain, selon les membres de zouz, ce qu’ils comprennent puisque c’est également le cas ailleurs, mais « dans bien des milieux où il y a des ressources humaines ou des assurances ». En musique, « on est obligé de s’apprendre ça entre nous, ce qu’on fait bien, mais ce n’est pas assez. »

Les trois musiciens avouent que cet état des choses n’a rien à voir avec zouz au final. Il s’agit en fait d’un projet qui leur fait du bien au travers de tout cela.



Album Vertiges :
Date de sortie: 15 octobre 2021
Lien de précommande

Lancements : 
Ausgang Plaza (Montréal) – 20 oct (18h + 21h)
Pantoum (Québec) – 21 et 22 octobre (20h30)

Vos commentaires