Dix ans de créations de Sixtrum | Véritable poésie musicale !
Mercredi soir, à l’amphithéâtre du Gesù, l’ensemble de percussion contemporaine Sixtrum fêtait ses dix ans de créations, de collaborations et de tournées. Le groupe a témoigné d’un répertoire varié et atypique, oscillant entre esquisses intimistes et démonstrations grandiloquentes, tout en créant un univers onirique bien à eux.
Leur objectif est simple : transformer notre rapport avec la musique, et c’est chose faite. Ce concentré de créations nous baigne dans une exploration continuelle du geste, du timbre et de la parole.
Roche, Terre, Branche, Brise, Nuage : Fascination de la matière…
Frottement, Grincement, Caresse, Tapotement, Souffle : Fascination de nos relations avec la matière…
Tels sont les premiers mots qui ouvrent le spectacle et qui, finalement, le caractérise dans son ensemble. Ils sont issus des esquisses Ensō de Pierre Michaud, présentées comme aboutissement d’un premier laboratoire de recherche-création. Cette première pièce éclot après la descente graduelle des six musiciens, chacun doté de pierres qu’ils font claquer entre leurs mains, de part et d’autre du public. Tel un véritable décor de théâtre, l’utilisation de l’électronique dans cette pièce est rendue visible à travers une silhouette faiblement éclairée au-dessus de la scène. Les quelques pierres laissent rapidement la place aux claviers en tout genre – marimba, xylophone, vibraphone – accompagnés d’archets frottés contre leurs lames à l’instar de la deuxième pièce, Fast, de Tim Brady.
Plus qu’un spectacle sonore, riche en subtilités auditives, il s’agit là d’un spectacle visuel dont la grande précision est démontrée notamment dans la Pièce de gestes de Thierry de Mey. Les mains des musiciens, placés en ligne face au public, sont mises en lumière par les projecteurs de chaque côté afin de produire de magnifiques « figures chorégraphiques […], empreintes temporelles, labyrinthes rythmiques…» (Thierry de Mey), dans le silence le plus total.
Après ce fabuleux ballet de mains et une courte rétrospective des concerts du groupe projetée sur l’écran en fond de scène, un trio reprend la parole avec Les Uns de Philippe Leroux, œuvre dans laquelle l’auditeur suit avec attention la transformation graduelle des éléments musicaux et déguste les variations de matières sonores.
Le spectacle se termine avec la pièce Débâcle d’Alain Perron, fondées sur les images projetées des Chûtes de la rivière Chaudière, gelée en surface, près de la ville de Charmy. L’œuvre contient trois sections et elle est constituée d’un immense crescendo qui culmine avec un climax final d’une grande agressivité, mis en parallèle avec la rupture de plus en plus violente de la glace.
Pour clore le spectacle, non sans humour encore une fois, les musiciens nous offre un dernier aperçu de leur éventail de compétences en laissant cette fois-ci tambours, clochettes et claviers de côté, pour se concentrer uniquement sur les percussions corporelles.
Ainsi, ce spectacle surprenant et divertissant aura su éveiller en l’auditeur la curiosité des sons, des gestes, et des instruments de percussion divers et variés –véritables pépites d’or au service des magiciens que sont bel et bien les Sixtrum.
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