NXNE 2014 – Jour 2 | Canailles, Sleigh Bells, tUnE-yArDs, Fuck Buttons et plus

Notre collaborateur J-F Tremblay arpente pour nous quelques-uns des concerts les plus en vue à Toronto à l’occasion du festival NXNE.  Jour 2 de son périple, avec Canailles, Sleigh Bells, Tune-Yards, Fuck Buttons et plusieurs autres.


 

Gunner & Smith

Notre périple musical du jour 2 a débuté au Tranzac Club, une petite salle érigée dans les années 1930. À notre arrivée, la formation blues Gunner & Smith était au beau milieu de sa prestation sur la grande scène.

Immédiatement, nous avons été accrochés par la force et la richesse du jeu de guitare, et par la voix émouvante du chanteur. Les chansons ont un petit quelque chose d’immersif, on sent l’envie d’y plonger et ne plus vouloir en sortir. C’est un monde musical chaud et comfortable que propose le groupe, remplis de solos dignes des plus grandes formations blues rock. Un groupe à découvrir et surtout à revoir!

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Canailles

Puis, les Montréalais de Canailles sont montés sur scène. Tels des « poissons hors de l’eau », pour utiliser une expression anglophone, la bande de voyous du folk trash québécois semblait quelque peu intimidée de jouer devant un public qui ne parlait pas la même langue qu’eux. Par contre, quelqu’un dans la foule les a salués en français dès qu’Érik Guay, chanteur et guitariste du groupe, a commencé à parler au micro, ce qui les a visiblement mis à l’aise.

Musicalement, la performance était excellente. Accablés d’occasionnels problèmes de sons, et parfois même d’oublis de paroles des chansons, la bande s’est toute fois grandement amusée tout au long de cette performance où ils ont joué, pour l’essentiel, des pièces du plus récent album, Ronds-Points. On en oubliait les défauts tellement le groupe jouait bien et l’énergie était au rendez-vous.

Même les interventions pleines de malaises entre les chansons ajoutaient au plaisir. Certaines affirmations des musiciens sur les Sugar Crisps et autres sujets semblaient sorties de nulle part. « Cowbells are like Sugar Crisps, you can never have enough ».

Les membres du groupe avaient visiblement de la difficulté à négocier avec l’idée d’un public anglophone, mais celui-ci ne semblait pas du tout s’en soucier et les gens dans la salle nous ont donné l’impression d’avoir énormément de plaisir. Ce fut notre cas également, et c’est juste dommage que la salle n’ait été davantage remplie (car on sait que Canailles peuvent créer une atmosphère de party sans pareille, pour les avoir vus précédemment dans leur élément à Montréal).

Un bien bon moment tout de même, et beaucoup de plaisir.

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Sleigh Bells

Ensuite, nous nous sommes dirigés vers le square Yonge-Dundas pour la performance très attendue de Sleigh Bells. Une musique chargée à bloc, sur laquelle la jolie voix quelque peu sauvage d’Alexis Krauss vient se déposer avec énergie et suavité.

Le public était au rendez-vous, nombreux et enthousiaste. Un jeu d’éclairages stroboscopiques ajoutait grandement à l’ambiance survoltée que créait la formation New Yorkaise. Avec son attitude cool, son chandail « Kiss my ass » et sa voix ensorcelante, Krauss captive l’auditoire. La musique et l’énergie qui se dégage de Sleigh Bells sont tout à fait appropriées à ce genre de spectacle en plein air, au beau milieu d’une métropole, à l’aube de l’été.

 

 tUnE-yArDs

On se sauve un peu avant la fin de la performance et on prend une petite marche rapide pour nous diriger ensuite vers le fameux Massey Hall, où tUnE-yArDs se produisait. La grande salle était bien remplie, autant le parterre que le premier balcon, et les gens étaient visiblement fébriles. Sur la scène il y avait un décor composé de grands draps roses aux extrémités desquels se trouvaient des yeux, de beaux yeux bleus. Dans l’univers de tUnE-yArDs, c’est coloré, c’est beau, c’est amusant.

Merrill Garbus et sa bande se sont présentés sur scène et la foule assise les a accueillis avec ferveur. Le groupe a joué Hey Life, puis les premières notes de Gangsta se sont fait entendre et soudainement le public s’est levé d’un seul bond pour aller vers l’avant de la salle, au pied de la scène, prenant par surprise les employés du Massey Hall, qui n’ont pourtant pas bronché et ont laissé l’auditoire s’amuser.

Lorsque nous avions vu tUnE-yArDs à Coachella il y a quelques années, le spectacle semblait sorti tout droit de la chambre à coucher de Garbus, c’est à dire quelque chose qu’une musicienne et chanteuse pratique et fait chez elle avec ses pédales et instruments, une performance aux allures intimes. Cette fois-ci, c’est à un vrai groupe professionnel et une performance rôdée au quart de tour à laquelle on a eu droit.

Ce qui n’est pas pour dire que Garbus a perdu de son humilité, au contraire : l’artiste semblait visiblement heureuse de jouer dans cette salle. Elle en perdait même les mots parfois. Ses musiciennes, toute percussionnistes à l’occasion et également danseuses, et son bassiste, suivent Garbus dans ses délires musicaux avec une précision remarquable.

Chaque battement de tambour est calculé, chaque clappement de main, les mouvements de danse  des deux choristes derrière Garbus sont synchronisés et fascinants à regarder. Le spectacle est une réussite totale au point de vue visuel et sonore. La voix de Garbus, particulièrement sur Powa, une chanson de son deuxième album qui fait soulever le poil des bras autant sur disque et encore plus sur scène. L’heure passée avec tUnE-yArDs hier au Massey Hall s’est déroulée bien trop rapidement!

 

Fuck Buttons

Pour finir, une visite au Adelaide Hall en fin de soirée pour voir Fuck Buttons. Puisque nous avions lu la critique récente de l’ami Marc-André Mongrain suite au passage du groupe à Montréal, nous avions préparé nos bouchons pour les oreilles!  Et effectivement, le groupe est bruyant!

Le duo, penché pendant une heure sur leurs bidules électroniques, à chaque bout d’une longue table en plein milieu de la scène, joue une sorte d’électro qui prend aux tripes et nous fait quasiment entrer en transe. Le public écoute et observe en essayant de garder intacte son ouïe — ce qui est pratiquement impossible – et en s’immersant dans ce tumulte sonore qui hypnotise.

Les silhouettes des deux hommes sont projetées sur un écran derrière eux, et juxtaposé aux projections d’images kaléidoscopiques, l’effet ainsi créé contribue à mettre le public dans le parfait état d’esprit pour apprécier cette musique.

Ceci dit, une heure à se faire bombarder de ces rythmes sans la moindre interruption peut devenir un peu lassante. Parfait pour une fin de soirée, mais un peu long. Plusieurs personnes dans l’auditoire portaient leurs doigts à leurs oreilles vers la fin de la performance, et à la sortie nombreux sont ceux qui mentionnaient le volume élevé de Fuck Buttons.

Pour le jour 3 (vendredi), nous avons prévu voir The Pizza Underground (avec Macauley Culkin!), Swans, St. Vincent, Chic Gamine, Sidney York, Animal Parts et Honey Wild… enfin, si le manque de sommeil ne nous rattrape pas avant!

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