crédit photo: Emma Picq
Zaho de Sagazan

Francos de Montréal 2023 | Entrevue avec Zaho de Sagazan : le rêve de toucher les coeurs

Son ascension est fulgurante. Pratiquement inconnue en France il y a encore un an, Zaho de Sagazan y fait maintenant sensation, multipliant concerts à guichet fermé et entrevues sur toutes les tribunes. La veille de ses deux prestations aux Francos de Montréal, Sors-tu? a eu l’occasion de jaser avec celle qui rêve de toucher le cœur des Québécois.

À peine arrivée à Montréal, déjà elle adore la ville. Son architecture lui fait penser à Berlin, une ville qu’elle adore et qui l’inspire musicalement, mais un Berlin aux accents new-yorkais.

En débarquant ce côté-ci de l’Atlantique, la jeune auteure-compositrice-interprète française n’a pas d’attentes, mais un rêve.

J’ai l’espoir de toucher profondément les cœurs […], et si ça peut me faire revenir encore à Montréal cinquante fois, alors je reviendrai à Montréal cinquante fois.

C’est peut-être le début d’une grande histoire d’amour entre cette native de Nantes et le public québécois.

* Photo par Emma Picq.

 

L’amour, d’ailleurs, elle le chante sous toutes ses coutures sur La Symphonie des éclairs, son premier album paru plus tôt ce printemps. Elle chante un amour toxique sur Les dormantes, un amour universel sur Les garçons, celui surconsommé sur Langage, puis évoque un amour à sens unique sur Dis-moi que tu m’aimes et nous rappelle les amours imaginaires de notre jeunesse dans Mon inconnu. Mais ne nous confondons pas, ce premier opus n’est pas un album naïf sur l’amour, écrit par une jeune artiste qui dit ne l’avoir jamais vraiment connu. Bien au contraire, c’est un album étonnement audacieux et mature.

Dès les premières notes du titre d’ouverture La fontaine de sang, on constate la singularité de son timbre de voix et cette audace qu’elle a de ne pas tomber dans la facilité. Une atmosphère dramatique est rapidement placée, d’abord au piano puis au synthétiseur. Puis, elle chante d’une voix grave un refrain écrit « dans l’avion en voyant les nuages [et constatant] qu’il fait toujours beau au-dessus des nuages ». Finalement, les séquenceurs s’invitent lors de la dernière minute laissant présager la musicalité du reste de l’album, un album qui accorde la chanson française avec la musique électronique des nuits berlinoises.

Zaho de Sagazan avait d’abord une obsession du piano-voix, mais elle souligne : « J’ai envie de faire danser les gens, pas juste les faire pleurer. »

Je pars du principe que beaucoup de gens aiment autant la chanson française que la techno.

Sur le processus créatif de cet album, elle explique qu’elle écrit peu et qu’elle passe énormément de temps sur chaque chanson qu’elle prend « un peu pour des bébés ».

* Photo par Emma Picq.

Certaines auront pris sept ans pour atteindre leur maturité retrouvée sur l’album. Elle ajoute : « Généralement, ça part d’un piano-voix et je trouve les mélodies en même temps que les paroles ». Un modus operandi qu’elle assure avoir suivi même pour les titres très électroniques Inspiration et Tristesse, ce qui ne manque pas d’être surprenant.

Marier donc sur un album ses deux principales inspirations, Barbara et Kraftwerk, ça n’a certainement pas dû être une mince affaire. Elle nous le confirme en nous disant que l’album, issu d’une collaboration avec ses amis et producteurs Pierre Cheguillaume et Alexis Delong, a d’ailleurs été confectionné en studio pendant trois ans.

 

Passage au Québec

Elle pense que les Québécois se retrouveront dans la folie de sa musique car, dit-elle : « J’ai une vision des Québécois extrêmement respectueux, en même temps ils savent où mettre leur folie, une folie bienveillante ».

Et ces Québécois, à quoi doivent-ils s’attendre d’un concert de Zaho? « J’adore, il y a des personnes âgées qui viennent pour Dis-moi que tu m’aimes au piano-voix et qui arrivent au concert et se prennent Tristesse dans la gueule et qui viennent me dire qu’il n’avait pas dansé comme cela depuis leur vingtaine », nous répond-elle.

Zaho de Sagazan tentera de donc conquérir le cœur des Québécois et de les faire danser lors d’un spectacle extérieur sur la Scène Hydro-Québec (Esplanade de la Place des Arts) à 18h, et en première partie de Juliette Armanet à 21h au MTELUS.

* Mise à jour (15 juin) : Au lendemain de ses deux concerts aux Francos, on apprend que Zaho de Sagazan sera de retour à Montréal 19 avril 2024 pour un concert au Club Soda. Billets en vente par ici.

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