TRIBUS

Critique théâtre | Tribus à La Licorne

 Cinquième production de LAB87, Tribus est mise en scène par Frédéric Blanchette (Being at Home with Claude). Cette pièce de Nina Raine, créée à Londres en 2010, est l’histoire tantôt légère tantôt grinçante d’une famille dysfonctionnelle d’artistes un peu bobos, dont un des fils, Billy, est né sourd.

Dans ce décor éclectique qu’est la maison familiale où a lieu la majorité de l’action, composé d’un sol recouvert de plusieurs tapis, d’un mur  recouvert de livres, d’une serre et peut-être d’autres pièces, les délimitations prêtent un peu à confusion. Les acteurs se crient les répliques à travers le grand espace, jouant gros plus souvent qu’autrement, mis à part la très juste Klervi Thienpont et le discret David Laurin. Peut-être est-ce dans l’intention de ridiculiser des personnages privilégiés qui s’inventent des problèmes et font leur loi. Le texte est drôle et léger, quoique alourdi de fréquents sacres et commentaires vulgaires qui sonnent un peu faux.

 

Photo de courtoisie. Crédit : PL2 Studio

Photo de courtoisie. Crédit : PL2 Studio

Le propos central de Tribus est de mettre en lumière la réalité sociale des personnes sourdes, composée bien sûr de la rencontre quotidienne d’obstacles techniques dus à leur surdité, mais aussi du contact fréquent avec les préjugés et les comportements infantilisants que même l’entourage des personnes affectées de ce handicap peut afficher.

On bénéficie des points de vue complémentaires d’un individu qui n’a jamais entendu mais vit parmi des entendants, et de son amoureuse qui est en train de perdre cette faculté, mais qui connaît le langage des signes puisque toute sa famille est sourde.

On assiste à l’émancipation de Billy, qui a été élevé dans un cocon familial un peu malsain et qui arrive à s’affirmer à travers la « communauté sourde », malgré les protestations boudeuses de sa famille manipulatrice et égoïste.

Photo de courtoisie. Crédit : PL2 Studio

Photo de courtoisie. Crédit : PL2 Studio

La communication au coeur de l’oeuvre

L’auteure a manifestement voulu mettre de l’avant des personnages souffrant – quoique entretenant – leur solitude, ainsi que le manque de communication existant entre eux. Ironiquement, les meilleurs communicateurs sont Billy, qui est sourd, et Sylvia, qui est malentendante.

Si les moments uniquement en langage des signes visent à faire ressentir aux spectateurs la réalité des personnes sourdes (ne pas tout comprendre de l’action qui les entoure) ces instants auraient pu être plus longs afin de vraiment créer ce malaise. Les dialogues signés sont d’ailleurs très beaux et il est intéressant de deviner la signification de certains gestes.

Aussi, ce n’est pas tout à fait clair si les personnages qui parlent le dos tourné à Sylvia sont des choix scéniques visant à nous indiquer l’importance des efforts minimaux à mettre afin de communiquer efficacement avec un malentendant.

Un spectacle amusant et accessible, mais aussi instructif pour qui n’est pas familier avec l’univers malentendant, Tribus est présenté jusqu’au 29 novembre à La Licorne.

Vos commentaires