
Critique Love au Studio Madame Wood | Voyage introspectif et envolée musicale d’une révélation
Au cours d’une soirée intime et particulièrement réussie lundi dernier, le 26 mai 2025, le musicien Antoine Binette Mercier nous présentait son projet Critique Love. Avec son groupe solide, il a su livrer une prestation solide très bien huilée, et même si le cadre était intime, nous avons aussi eu droit à des projections pertinentes pour agrémenter le concert. En ajoutant des morceaux accrocheurs, des arrangements intelligents et des textes intéressants dans le mix… J’en suis ressorti le sourire jusqu’aux oreilles!
Il y a deux semaines, je suis tombé par accident sur les trois titres disponibles de Critique Love. J’ai aimé ça. Vraiment! Une recherche internet en amenant une autre, je découvre qu’il y a un concert privé au Studio Madame Wood qui se prépare. Quelques courriels plus tard et me voici ce lundi soir en compagnie d’une trentaine de personnes à assister à une captation intime du concert en vue d’en faire la promotion. Divulgâchageur : j’ai vécu de quoi!
Antoine Binette Mercier est un multi-instrumentiste que je connais pour son travail sur les albums solo de Julien Sagot (le percussionniste de Karkwa). Critique Love est donc l’aboutissement du projet « rock cinématographique » de Binette Mercier et qui sortira sur disque plus tard dans l’année. Une question reste ouverte d’ailleurs : Critique Love, c’est-tu pour l’amour des critiques ou l’amour critique ?
Antoine Binette Mercier est au chant et aux claviers et le groupe qui l’accompagne est composé de Julien Sagot aux percussions, Jérémi Roy (Misc, Mélissa Fortin, Bellflower, Esmerine) à la basse, Charles St-Amour à la guitare et Lisa Kathryn Iwanicki (Creature, Blood and Glass, Matt Holubowski, Patrick Watson) au chant et aux claviers. En invitée aussi pour ce concert particulier : Frannie Holder (Dear Criminals, Random Recipe) qui pose sa voix sur quelques titres dont elle a écrit les textes.
Le résultat sonore oscille entre les horizons aux apparences sombres à la Timber Timbre et le côté cinématographique orchestral de Patrick Watson avec une touche de Karkwa pour le sens de la retenue et les fulgurances sonores qui suivent, ainsi qu’un brin de Pink Floyd pour les vieux sons de claviers.
La guitare résonne souvent en finesse avec un son rappelant les westerns spaghetti et la basse est particulièrement mélodique et présente. Julien Sagot est la force tranquille du groupe, décontracté derrière ses percussions mais puissant et intense dans l’exécution.
Les arrangements de claviers partagés entre Antoine Binette Mercier et Lisa Kathryn Iwanicki savent être sobres, originaux et débordent d’idées, tout en restant de bon goût et au service des titres. Et si Antoine Binette Mercier n’a pas la voix puissante d’un chanteur de télé-réalité, il maîtrise son registre pour insuffler une âme à ses titres, parfois en chuchotant ou à moitié parlé.
Les textes en français sont écrits par Binette Mercier tandis que ceux en anglais par les chanteuses. L’intensité vocale de Frannie Holder est particulièrement marquante et Lisa Kathryn Iwanicki montre aussi que sa voix fait partie de la catégorie haut de gamme, insufflant des étincelles aux compositions.
L’ambivalence du chanteur entre l’anglais et le français se fait sentir autant dans les titres alternant entre les deux que pour le nom du projet. Le thème du déclin du français a aussi donné deux titres, un dans chaque langue.
Autre fait notable, les projections de Dave Gagnon ont su apporter un supplément d’âme tout en restant sobre et complémentaire aux titres, avec le défi technique d’être dans une petite salle! Et je m’en voudrais de ne pas citer derrière l’excellent son du concert, l’impeccable Léandre Bourgeois (Les Hôtesses d’Hilaire, Les Hay Babies…)
Avec des thèmes plutôt sombres à saveur d’introversion, le résultat sait cependant garder la porte ouverte à la lumière. Il est alors facile de se laisser emporter avec joie. Les morceaux sont originaux avec des arrangements somptueux, le tout est joué avec talent par des musiciens particulièrement inspirés. J’ai vécu de quoi comme rarement dans ce court concert où je me suis laissé emmener facilement dans cet univers où la singularité sait être belle et abordable.
Critique Love : retenez ce nom et surveillez la sortie de l’album!
- Artiste(s)
- Critique Love, Julien Sagot
- Ville(s)
- Montréal
- Catégorie(s)
- Indie Rock,
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