Critique | Benjamin Booker à la Sala Rossa

Originaire de la Virginie, le jeune prodige de la guitare à saveur blues-rock Benjamin Booker était de passage à la Sala Rossa mercredi soir, pour nous montrer de quel bois il se chauffe. 

Booker fait son entrée en scène sur la chanson Muddy Water de Bessie Smith, accompagné de son bassiste Alex Spoto et de son complice batteur, Max Norton. Transport vers la Nouvelle-Orléans immédiat.

En début de soirée, Booker se fait plutôt calme. Dans sa bulle, dans son univers, il a constamment les yeux fermés et semble parfois en transe, transporté par sa musique et ses nuances. Il n’entre pas en relation avec son public et à ce point-ci, c’est plutôt dommage. On se demande quelle valeur ajoutée le concert peut bien apporter à l’écoute de son premier album homonyme, qui est déjà une expérience en soit.

Or, Booker semble se dégêner et se dégourdir au fil de la soirée, notamment avec Happy Homes, durant laquelle on sent davantage son attitude punk si souvent soulevée lors d’entrevues.

L’une de ses belles qualités d’interprétation est sans doute son dosage d’intensité, sa précision quant aux émotions véhiculées, aux nuances musicales, aux contrastes entre les moments plus doux et introspectifs, et les autres plus éclatés et énergiques. Une habileté mise de l’avant sur Slow Coming notamment.

C’est d’ailleurs suite à cette pièce que Booker s’adresse pour une première fois à la foule, l’incitant à chanter le refrain de Little Liza Jane, un standard de New Orleans, sa ville d’adoption, le tout suivi d’une reprise d’Otis Redding avec Shout Bamalama. 

Photo par Manon Boquen

Photo par Manon Boquen

Son univers est totalement influencé des belles années du rock’n’roll, de blues-rock et de l’esprit New Orleans. C’est rafraîchissant, dans le paysage musical synthétique d’aujourd’hui, ce retour aux sources, cette exploitation crue et dépouillée de la guitare.

La soirée se termine sur un long jam à trois têtes, progressif, presqu’expérimental, durant lequel Booker s’allume nonchalamment une cigarette en terminant sa bouteille de Jameson au goulot. Un jam qui débouche finalement sur By the Evening, qui clot également son premier album.

Bien qu’il manque encore d’expérience scénique, Booker a un potentiel immense et il faudra certainement surveiller son évolution dans les années à venir.

Grille de chansons

Always Waiting
Chippewa
Old Hearts
Happy Homes
Kids Never Grow Older
Falling Down Blues (reprise de Furry Lewis)
Slow Coming
Little Liza Jane (standard de la Nouvelle Orléans)
Shout Bamalama (reprise de Otis Redding)
Spoon Out My Eyeballs
Wicked Waters
Violent Shiver
Have You Seen My Son
By the Evening

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