Cattle Decapitation et Aborted au Club Soda │ Bands coups de poing et invitées spéciales

Ça a frappé fort au Club Soda le 5 décembre dernier pour l’un des derniers grands spectacles d’une année faste pour la scène métal quand Cattle Decapitation est débarqué, avec Aborted et leurs compères, pour une soirée death metal explosive, tout ça, juste après les prestations éclair de Grindmother et d’Alyssa White-Gluz.

On s’arrachait les billets de revente la veille, et jusqu’à quelques minutes avant l’événement qui était présenté à guichets fermés, la formation américaine Cattle Decapitation ayant choisi de jouer l’entièreté de l’album Death Atlas dans le cadre de sa tournée No Fear For Tomorrow.

GRINDMOTHER

La formation Grindmother, menée par une minuscule dame de 77 ans connue pour ses opus grindcore, était l’une des invitées spéciales de la soirée. Accompagnée de son fils à la guitare, la légende a seulement pu nous offrir quelques passages, elle qui a désormais une santé bien fragile des dires mêmes de son garçon, Rain « Rayny » Forest.

Elle fermait l’ouverture de la soirée qui s’annonçait prometteuse et qui était uniquement composée de vocalistes féminines, soit la Montréalaise d’origine Alyssa White-Gluz, dont la séparation avec Arch Enemy a récemment fait grand bruit, Chelsea Marrow (Floride) et Elizabeth « Liz » Selfish (Nouvelle-Orléans), toutes chaudement accueillies et applaudies par les quelque 900 spectateurs, pour la plupart des initiés. Dans un moment touchant, la doyenne de la soirée a reçu un bouquet de fleurs de la part d’Alyssa même afin de marquer son dernier spectacle à Montréal.

TRIBAL GAZE ET FROZEN SOUL

Les Texans Tribal Gaze et Frozen Soul ont suivi non sans fracas avec un death metal pesant qui a fait se dégourdir la foule, restée relativement sage jusque-là. On retiendra la fougue du chanteur de Tribal Gaze, McKenna Holland, déchaîné au micro, s’arrachant le cou à coup de headbang constant, et la grande générosité de celui de Frozen Soul, Chad Green, un très impressionnant colosse, voire géant, qui a interagi avec la foule avec brio.

Les cinq membres, dont Samantha Mobley à la basse, ont joué quelques morceaux de leur plus récent album, Glacial Domination, une tonne de briques qui a fait naître les premiers surfeurs de foule et un « big ass Canadian circle pit ». Il fallait voir la mise en scène, où deux corps métalliques empalés trônaient de chaque côté de la scène pendant que des éclairages chauds la balayaient, illuminant les pieds de micros composés de chaînons massifs. Parions que Frozen Soul reviendra sous peu à Montréal, eux qui étaient présents à la Place Bell le 11 avril dernier en ouverture de Killswitch Engage. Les fans ont démontré beaucoup d’amour lors de leur lourde prestation où tout était imposant, et pas seulement le chanteur.

ABORTED

C’est bien connu, le groupe belge Aborted est un abonné de Montréal. Il est venu les 9 juin 2024 et 26 février dernier avec respectivement Archspire au Club Soda et Ingested au Théâtre Fairmount, où leur prestation avait été minimisée par le lieu et sa configuration. Ce sont des chouchous des amateurs montréalais de death metal brutal, eux qui en sont, il serait juste de dire, des sommités, et qui présentent coup sur coup un mur de son chirurgicalement maintenu.

Réputé pour ses adresses comiques et hyper présentes (pratiquement entre chaque chanson, ce qui coupe le rythme), le chanteur Sven De Caluwé a lancé en début de parcours : « Hier soir, on m’a abandonné dans une station-service du Vermont », se moquant royalement de la récente saga du groupe Vitriol qui en a fait de même avec son chanteur après une chicane monstre.

Certains ont reproché le fait que la formation n’a cette fois pas assez joué d’anciens titres, se concentrant plutôt sur Vault of Horrors, paru en mars 2024, ouvrant avec Dreadbringer. Mais on ne paie rien pour attendre, De Caluwé ayant laissé la foule sur une dernière note : « Merci, et à l’année prochaine! », laissant croire que le violent band sera de retour juste à temps pour célébrer les 25 ans d’Engineering the Dead, monument du genre et deuxième album de la formation.

CATTLE DECAPITATION

La formation californienne de deathgrind et de death metal Cattle Decapitation, également des sommités du genre, a offert une performance à couper le souffle qui n’était pas « pour les faibles ». Près de la scène, les vêtements de photographes étaient soufflés et bougeaient tellement le son était intense, et la basse lourde aux abords des équipements.

Les surfeurs de foule se sont mis à affluer vers la scène dès les premières notes de Death Atlas, traversant les « old school pits » et spectateurs en liesse sur un son qu’on pourrait qualifier de purement et parfaitement death, sans fioriture, mais chargé, alliant à la fois le vieux style et une modernité qui leur est unique. Le chanteur, Travis Ryan, posé, mais ultra présent, cheveux soufflés par un ventilateur, constamment penché vers la foule, a déchiré la salle de sa voix alors que Dave McGraw se donnait corps et âme à la batterie.

Bien malheureux étaient ceux qui n’avaient pas de bouchons en main rendus à cette étape de la soirée. On n’en est peut-être pas ressortis étêtés, mais tout de même lourds d’une fatigue auditive générée par l’alignement brutal de l’événement. C’est un autre sérieux concurrent pour le show de moyenne envergure de l’année, qui, répétons-le, a été une bénédiction pour les fans montréalais.