Children of Bodom

C.O.B et Abbath au Corona | Médiocre puissance et caricatures

Avec une set-list intéressante mais un son vraiment crade et un leader absent, Children Of Bodom a livré la marchandise sans trop se forcer, alors que le charismatique Abbath a affirmé son propre personnage en black metal. C’était un jeudi soir, et le Théâtre Corona était tout de même en feu.

Retour sur les photos du show à l’Impérial Bell de Québec mercredi soir :


C’était seulement en mars dernier que C.O.B décidait de se rajouter une date sur la route à Montréal en tête d’affiche alors qu’ils étaient sur la tournée de Megadeth à Québec. Quelques mois plus tard, ils n’auront pas réussi à remplir le Métropolis et le concert est déplacé au Théâtre Corona. La salle est quand même très bien remplie, et les nombreux fans du groupe impatients.

 

ONI et Exmortus en ouverture

Savez-vous où se trouvent les îles Caïman ? C’est au sud de Cuba, et il y a un groupe qui fait un genre de metalcore progressif avec un xylophone. Ils s’appellent ONI, et ouvrent la soirée dans un genre très technique qui tourne vite en rond, malgré les prouesses. Il serait curieux de savoir d’où est venue l’idée d’intégrer un joueur de xylophone. Peut-être une soirée arrosée où un de leurs amis s’est ramené en répète avec le dit instrument trouvé dans le garage de son grand-père.

Place ensuite aux Californiens d’Exmortus qui squattent toutes les premières parties du moment et en sont à leur troisième passage à Montréal en 2016. Toujours aussi brutal, le quatuor thrash-death envoie sa démonstration technique néoclassique avec une précision remarquable, qui battra sûrement C.O.B niveau exécution, et avec une superbe énergie. On admire le moment de proximité des deux guitaristes qui s’enlacent pour jouer simultanément sur la guitare de l’autre, en se demandant dans quel contexte ils ont trouvé cette position. On aime ou on aime pas le genre, Exmortus maîtrise son élément.

 

Abbath

Quel contraste intriguant d’entendre un public chanter sur du System Of A Down, juste avant que monte sur scène un groupe composé d’anciens membres d’Immortal, Gorgoroth, et même un guitariste live ayant joué avec Mayhem et Satyricon. Bref, l’élite de la scène black métal norvégienne, à l’origine d’un mouvement sombre, underground et anti-commercial, dans un Théâtre Corona remplit de métalleux plutôt grand public.

Car il faut le reconnaître, après 20 ans de carrière et des virages de style, Children Of Bodom a réussi à créer un phénomène analogue à Metallica : leur public a des airs de Monsieur et Madame tout le monde avec des cheveux courts et des casquettes, s’éloignant du monde du métal extrême.

Qu’importe, c’est une légende vivante qui débarque sur scène, l’unique et inimitable Abbath. Corpse-paint et armure, l’imposant leader nous propose It’s War de son album éponyme, avant de nous blaster dans la tronche un Nebular Ravens Winter de derrière les fagots. Dommage qu’un son crade empêche de bien apprécier la musique, mais c’est quand même bien puissant, et visuellement ça vaut le coup. Abbath est un personnage charismatique qui peut autant faire peur que rire, avec ses yeux et sa présence effrayants, mais aussi ses mouvements, mimiques et chorégraphies dont il abuse.

Même si les titres de son album passent bien le test du live avec des bons riffs entraînants, c’est vraiment les classiques d’Immortal qui feront la différence comme One By One, In My Kingdom Cold ou l’écrasant Tyrants, dont la sonorisation du Corona aura du mal à encaisser les basses qui saturent trop. On aurait bien pris plus d’Immortal au final, la prestation passe vite car on ne s’ennuie pas. Alors oui, Abbath est devenu une caricature de lui-même, et les true black metalleux lui cracheront dessus pour être devenu un guignol du genre, mais il l’assume totalement, en plus vraiment jouer du black metal, et d’assurer un spectacle où il communique avec son public, dédiant même un morceau à un guerrier du public dans le mosh-pit.

La cerise sur le gâteau : la boule à neige avec la petite figurine de Abbath à l’intérieur. Cet homme est unique au monde.

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Children Of Bodom

Les stars de la soirée se font attendre et embarquent sur scène à 22h sous une ovation et font exploser le mosh-pit avec Needled 24/7. La joie d’entendre ce morceau est vite gâchée par la qualité horrible du son, avec des basses et distorsions trop fortes qui font saturer le pauvre système de son. C’est à peine si on entend la guitare d’Alexi Laiho dans les premiers morceaux. Décalage horaire ou brosse la veille, c’est le deuxième spectacle de leur tournée et ce dernier semble éteint, très statique, regardant souvent en l’air lors du concert, ayant l’air d’avoir hâte que ça se termine. A l’approche de la quarantaine, Laiho perd-t-il la flamme après toutes ces années ?

Janne rattrape un peu l’ambiance aux claviers, vidant des bières et prenant des selfies avec le public, et Henkka (basse) a vraiment l’air de se faire plaisir, avec la sympathie qu’il dégage, communiquant beaucoup plus avec les fans.

Mais quelle puissance ceci dit, et quelle set-list ! Follow the Reaper, le rare Thrash Lost and Strungout, Bodom After Midnight, Every Time I Die : C.O.B va piocher dans ses meilleurs albums des années 2000, en faisant l’impasse totale sur leurs derniers albums peu inspirés. Le nouveau I Worship Chaos est quand même bien représenté avec trois titres, dont la chanson titre qui verra un gros circle-pit se créer à la demande de Laiho.

La deuxième moitié du concert est encore plus intéressante puisque les finlandais vont chercher dans  leur débuts avec Hatebreeder, et encore plus surprenant, avec l’album Something Wild. C’est d’ailleurs Henkka qui nous présentera l’excellent Lake Bodom après un discours dans un français impeccable. « Nous avons joué ici il y a environ 7 mois, et vous êtes tous encore là, c’est incroyable, merci beaucoup ! » Peut-être, mais on est pas au Métropolis, car les ventes n’étaient pas assez bonnes…

Côté seconde guitare, même si l’ex-Norther Daniel Freyberg fait bien son travail, son manque de présence et de feeling dans le jeu de guitare font encore plus ressentir l’absence cruelle du monstre Roope Latvala, qui a quitté le navire l’année dernière. Les finlandais font un rappel avec Hate Me. Puis, alors que Janne est censé jouer l’intro de Downfall, il nous lance un « Celine Dion is from Canada right ? » et se met à jouer le thème de Titanic. « Fuck Titanic » déclare Alexi Laiho avant de nous achever avec le classique de l’album vert.

Dommage, car la set-list était vraiment intéressante. Si on ajoute le fait que C.O.B n’est pas le groupe le plus carré au monde, même si on leur pardonne avec ce son horrible où on voyait sur scène qu’ils avaient parfois du mal à s’entendre, c’était loin d’être un concert mémorable. Cela n’a pas empêché les centaines de fans présents de s’éclater.

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